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mercredi, 01 février 2012

LE FLEAU DU DROIT DE VOTE (1)

C'est très beau, le droit de vote. C'est magnifique. Le monde entier nous l'envie. C'est le résultat glorieux de siècles de combat contre l'obscurité, contre l'obscurantisme, contre l'obscuration, contre l'obscurcissement, et allez tiens, tant que j'y suis, contre l'obscurisme. Parfaitement.

 

 

Et conquis de haute lutte, au prix d'efforts prométhéens et de sacrifices, humains, surhumains, inhumains. Et nous, qui « entrerons dans la carrière quand nos aînés n'y seront plus, nous y trouverons leur poussière et la cendre de leur vertu », et nous avons le sacré devoir et le devoir sacré de faire honneur à leur héroïsme et de perpétuer leur mémoire. Moi je dis : « Certes ».

 

 

Mais je dirais aussi volontiers : « Je suis celui qui passe à côté des fanfares, et qui chante en sourdine un petit air frondeur » (tout le monde a reconnu Le Pluriel, de tonton GEORGES BRASSENS). Il paraît même que c'est un devoir. Que tu es coupable si tu le remplis pas. Il faut que tu dises, tous les cinq ou six ans, si tu veux que ce soit M. ou Mme Foncoutu, ou M. ou Mme Coutufon qui tienne les commandes. Aux prochaines élections syndicales, sera-ce FRANÇOIS HOLLANDE ou NICOLAS SARKOZY qui sera élu Délégué du Personnel ?

 

 

Ah c'est sûr, on me fait beaucoup d'honneur en me demandant mon avis chaque fois qu'il y a une élection. D'autant plus d'honneur qu'on se fout bien de ce que je pense pendant les cinq ans moins un jour qui suivent. Cela me fait penser au 8 mars, vous savez, qu'on appelle la Journée de la Femme : « un jour pour y penser, 364 jours pour l'oublier ». Et les syndicats UMP et Parti « Socialiste » se replient sur des positions préparées à l’avance, derrière la muraille de la légalité démocratique.

 

 

Cela vaut évidemment pour la journée des maladies contagieuses, celle sans voiture, celle sans tabac, bref, il ne reste qu'à inventer la Journée de la Journée, pour qu'on puisse oublier les autres journées. Le droit de vote, c'est pareil. A quand une Journée du Vote, pour oublier qu'on oublie les électeurs tout le reste du temps ?

 

 

La démocratie est la plus merveilleuse des choses, c’est entendu. « Le pire de tous les systèmes à l’exception de tous les autres », selon WINSTON CHURCHILL. Il paraît qu’on y vit en liberté. Je dis « il paraît », parce qu’il existe de puissants moyens d’orienter cette liberté dans des directions précises, comme j’ai eu l’honneur de le narrer ici même il y a peu (voir mes notes récentes sur la manipulation).

 

 

La plus merveilleuse invention de la démocratie, donc, avant même la Liberté-Egalité-Fraternité, c’est le DROIT DE VOTE. Elle est le signe merveilleusement ineffaçable d’une dictature – quand elle s’effondre. Bon, c’est vrai que si c’est les islamistes qui s’assoient sur le trône, et pas celui des cabinets, c’est embêtant, mais bon, on va pas chipoter, hein, quand la démocratie gagne, ça veut dire que c’est la démocratie qui a gagné, hein. Enfin, c'est ce qu'ils disent. Et ça ressemble à du vrai.

 

 

Qu’est-ce qui a été gagné ? Par qui ? Là, c’est beaucoup moins clair. Et si, au fond du fond, le droit de vote était tout bonnement un FLÉAU ?

 

 

Précision liminaire : je hais le théoricien qui a mis au jour et en équations les structures des sociétés et qui peut tout vous expliquer parce qu'il a tout lu. Cela lui permet de pérorer doctement du haut d'un savoir qu'il a lui-même contribué à édifier, et qu'il a en grande partie hérité de théoriciens qui l'ont précédé et ensemencé.

 

 

Ce faisant, il tient à distance respectable le « vulgum pecus », auquel j'appartiens, considéré comme inculte et ignare. Je veux parler, évidemment, du SPECIALISTE, de l'EXPERT. Je dirai une autre fois les raisons et les caractéristiques de cette haine de la race des « experts », quelque chatoyante qu’en apparaisse l’espèce mordorée et pavanante.

 

 

L'être humain à peine social que je suis au présent, essaie dans la mesure de son maigre possible, de comprendre le monde dans le bouillon duquel il a été mis à mijoter. Du fond de ma boîte, j’ai vu, entendu, vécu deux ou trois petites choses. Et je me demande comment il se fait que notre système politique, a priori sérieux, m’apparaît aujourd’hui comme une énorme FARCE.  

 

 

En dehors de facteurs qui ne dépendent que de moi, et qui ne regardent que moi, comment diable se fait-il que le simple fait de voter ressemble à mes yeux, trait pour trait, à une comédie sinistre, à une aimable fumisterie, à une entourloupe de foire, à une vaste usine à fabriquer de l’imposture ? Je tâche de comprendre. A haute voix. 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A venir, les tribulations d’un bulletin de vote français.


 

jeudi, 26 janvier 2012

PROPAGANDE ET DEMOCRATIE

C’est très curieux, une campagne électorale. Regardez celle de 2007 : tout est verrouillé, autour de NICOLAS SARKOZY. Je pense à cette photo de lui à cheval, en Camargue, paradant à proximité d’une charrette à foin tirée par un tracteur, sur laquelle la foule des photographes de presse a été vivement invitée à monter, au point que plusieurs sont en équilibre instable. Pas une image ne doit montrer le bout du nez en dehors de celles prévues par l’U. M. P. (ou l’officine de prod. qui en tenait lieu).

 

 

Car SARKOZY avait inventé, enfin, non, plutôt piqué aux Américains, le contrôle intégral des images distribuées dans les médias : une boîte de production payée par l’U. M. P. avait fabriqué 100 % des images vues alors à la télévision.

 

 

 

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NICOLAS SARKOZY A LA MAIN HEUREUSE QUI LE DEMANGE

 

 

Une manière de dire aux médias : vous êtes des moins que rien. Si vous croyez pouvoir jeter un œil critique sur notre campagne, vous vous fourrez le doigt dedans. C’est nous qui sommes chargés de la publicité. Et personne d’autre. Sur la base du principe : « Qui maîtrise les images maîtrise la réalité ».

 

 

Résultat, les gens n’ont vu que du papier millimétré, intégralement élaboré dans le laboratoire d’une officine privée, spécifiquement rémunérée pour ça. Ils n’ont rien vu d’autre, dans le pays qui célèbre régulièrement la liberté de la presse, que des images plus lisses et brillantes que des fesses de bébé sorti du bain. Cela signifie une chose précise et inquiétante : nous vivons désormais à l’ère de la PROPAGANDE, et d’une propagande qui s’affiche de plus en plus éhontément comme telle.

 

 

Pas du subliminal, non, de l’explicite bien net et bien franc. Enfin pas tout à fait, parce qu’il fallait être au courant des secrets de fabrication, sinon, on était devant ces images comme devant un film de cinéma ou une pause publicitaire : on gobait, un point c’est tout.

 

 

Parce qu’au cinéma, si vous n’êtes pas du métier, vous ne vous demandez pas si le plan est rapproché, américain ou éloigné, de quelle façon le film a été monté ou quels sont les angles préférés du cinéaste : un film, ça marche ou ça ne marche pas. Si ça marche, vous gobez, sinon, vous sortez. Sauf si vous vous dites que c’est bête d’avoir payé la place pour rien.

 

 

En face, en 2007, c’est sûr, ça faisait un peu amateur. SEGOLENE ROYAL, on a tout su de la conception et de la réalisation de sa campagne. On a su qu’elle avait un metteur en scène de cirque pour ses meetings, un habilleur, et tout le toutim. On n’a rien ignoré du nouveau flou de ses cheveux et de sa longue tunique, de la symbolique de ses couleurs, le bleu et le blanc de JEANNE D’ARC, j’en passe, et des meilleures, comme disait VICTOR HUGO (Hernani, III, 6).

 

 

On a tout su de ce qui se passait dans les coulisses de la candidate. On n’a rien su de la fabrique des images qui a vendu celle du produit NICOLAS SARKOZY. Le « marketing », le « merchandising », le « packaging » du détergent miracle ont fonctionné de façon absolument impeccable.

 

 

Comme le camelot et le produit étaient un seul individu, passez muscade, comme disent les petits escrocs de rue, avec leur bonneteau. Les électeurs ont acheté. Il leur a fallu quelques années pour déballer le détergent révolutionnaire, et se rendre compte que c’était de la poudre de perlimpinpin. Cela prouve une chose : que la PROPAGANDE, ça marche.

 

 

 

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L'HYENE VOUS SALUE BIEN

 

 

 

Et ce n’est pas fini. NICOLAS SARKOZY nous la joue en ce moment « homme-courageux-qui-a-ses-faiblesses », sur le mode « si je perds, je quitte la politique », qui ne veut dire qu’une chose : « aimez-moi, je vous en supplie », sanglotez, violons !

 

 

Le packaging va forcément être révisé, la révision des cinq ans, je vous la rends comme neuve. Mais la poudre est toujours la même perlimpinpin, celle de la fée qui transforme la citrouille en carrosse et Cendrillon en princesse, attention, jusqu’à minuit pas plus. Après, tant pis pour toi. Tu reviens à pinces.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Demain, promis, on goûte le fromage de HOLLANDE. Est-ce du Gouda (prononcer raouda, comme la ville), du frison, du leyden, du leerdamer, de la mimolette, du limbourg ? Le suspense est à son comble.

 


 

mercredi, 18 janvier 2012

CHERIE, J'AI RETRECI LA DEMOCRATIE !

Résumé : je chante, en m'appuyant sur son petit bouquin (Propaganda, éditions Zones-La Découverte, 12 euros), les louanges d’EDWARD BERNAYS, l’inventeur de la manipulation des foules et de la propagande comme seul moyen de gouvernement « démocratique » dans les sociétés de masse.

 

 

***

 

 

C’est au pays de la « libre Amérique » qu’a été adopté, en 1791, le mythique « premier amendement », interdisant au Congrès de prescrire ou proscrire en matière de religion, d’expression, etc. BERNAYS, c’est le moins qu’on puisse dire, juge que la liberté c’est très bien, à condition qu’elle soit « organisée ». Je ne dis pas qu’il a forcément tort. Je regarde.

 

 

Il énumère les multiples associations, les multiples organes de presse, les multiples salons organisés à Cleveland, etc., pour dire que les opinions se forgent dans une infinité de lieux, circulent le long d’une infinité de canaux. Mais pour dire aussi que chaque individu appartient à plusieurs cercles.

 

 

Il conclut : « Cette structure invisible qui lie inextricablement groupes et associations est le mécanisme qu’a trouvé la démocratie pour organiser son esprit de groupe et simplifier sa vie collective ».

 

 

Simplifier la vie collective : c’est une obsession. EDWARD BERNAYS aime l’ordre, qu’on se le dise. Tiens, quand il cite NAPOLEON, c’est ceci : « Savez-vous ce que j’admire le plus dans le monde ? C’est l’impuissance de la force pour organiser quelque chose ». Il aurait fallu dire ça à GEORGE W. BUSH, avant qu’il exporte ses caprices en Afghanistan et en Irak.

 

 

BERNAYS prône donc la douceur pour atteindre le même but. Ne pas assener, ne pas forcer, ne pas prendre de front. Mais insinuer, suggérer, et avant tout, comprendre. En gros et pour résumer : comprendre qui est le suiveur de qui, pour, en dernier ressort, agir sur le groupe par celui que les autres suivent. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas le domaine d’activité du groupe (politique, religion, commerce, etc.), c’est la structure qui organise le groupe.

 

 

Déjà et d’une, il veut réhabiliter le beau mot de « propagande » : « tout effort organisé pour propager une croyance ou une doctrine particulière ». C’est dommage que ce joli terme ait pu être pris en mauvaise part, par suite de circonstances malheureuses ou détestables. Franchement, qu’y a-t-il de plus noble que le prosélytisme, cette démarche qui consiste à essayer d'embrigader un voisin, puis dix, etc. ?

 

 

De toute façon, sa thèse est claire : « Ce qu’il faut retenir, c’est d’abord que la propagande est universelle et permanente ; ensuite, qu’au bout du compte, elle revient à enrégimenter l’opinion publique, exactement comme une armée enrégimente les corps de ses soldats ». L’aspect militaire ne lui fait pas peur.

 

 

Au contraire, je dirais qu’il n’est pas pour lui déplaire. D’un certain point de vue, on ne peut pas lui donner tort : quoi de plus carrément organisé qu’une armée ? Mais si cette manipulation, c’est du militaire sans uniforme, et muni seulement d’armes « non létales », ça reste des armes. Si c’est de la police politique (ou de la « police secrète ») sans coercition directe, sans torture, ça reste de la coercition.

 

 

EDWARD BERNAYS passe en revue ce qui est aujourd’hui passé dans les programmes de toutes les écoles de communication, mais qui n’était pas encore établi comme « objet de savoir » au début du 20ème siècle. Il reconnaît, par exemple, sa dette envers WALTER LIPPMANN en ce qui concerne les « relations publiques ». C’est TROTTER et LE BON qui ont déniché la notion de « mentalité collective », foncièrement différente de la mentalité individuelle.

 

 

BERNAYS est de ceux qui pensent que l’individu, par principe, n’agit pas de sa propre initiative, mais suit forcément un leader : « C’est là un des principes les plus fermement établis de la psychologie des foules ». Si le leader est absent, le stéréotype prend sa place et son rôle. Ce n’est pas difficile, une foule, comme psychologie. Ce n’est pas un cortex cérébral, c’est une moelle épinière (seule nécessaire, selon EINSTEIN, pour marcher au pas).  

 

 

Tiens, un joli morceau : « La vapeur qui fait tourner la machine sociale, ce sont les désirs humains. Ce n’est qu’en s’attachant à les sonder que le propagandiste parviendra à contrôler ce vaste mécanisme aux pièces mal emboîtées que forme la société moderne ». La publicité est là tout entière, y compris celle pour la politique.

 

 

Finalement, tout ce que BERNAYS aborde dans son bouquin est devenu aujourd’hui d’une effroyable banalité. C’est devenu « naturel ». C’est devenu la couleur de nos murs, celle que nous ne voyons même plus. Mais ce paysage qu’il compose chapitre après chapitre a fort peu à voir avec la démocratie. Sur la démocratie même, il ne se prononce pas. C’est un pragmatique : il fait avec ce qu’il a.

 

 

Son raisonnement a quand même de quoi faire froid dans le dos : « La voix du peuple n’est que l’expression de l’esprit populaire, lui-même forgé pour le peuple par les leaders en qui il a confiance et par ceux qui savent manipuler l’opinion publique, héritage de préjugés, de symboles et de clichés, à quoi s’ajoutent quelques formules instillées par les leaders ». Dans un tel système, n’est-ce pas, pas besoin d’un dictateur.

 

 

Au sujet de la politique, il cite l’Anglais Disraeli : « Je dois suivre le peuple. Ne suis-je pas son chef ? ». Et ajoute : « Je dois guider le peuple. Ne suis-je pas son serviteur ? ». C’est certain, BERNAYS est un subtil. Mais que pensez-vous de ça : « Il est en effet incompréhensible que les hommes politiques ignorent les procédés commerciaux mis au point par l’industrie » ?

 

 

Je vais rassurer le cadavre d’EDWARD BERNAYS, et lui dire que le temps a largement comblé cette lacune. De toute façon, comme il est mort en 1995, à l’âge canonique de 103 ans, il a eu largement le temps de jouir de l’évolution des choses, et de se féliciter d’avoir apporté à celle-ci une contribution plus que généreuse.

 

 

Bon, j’en ai assez dit sur EDWARD BERNAYS, le trop méconnu bienfaiteur de l’Amérique triomphante en particulier, et du monde capitaliste moderne en général. Si vous ne le connaissiez pas, il y en a assez, je crois, pour vous dégoûter du personnage.  

 

 

Accessoirement, il est bon de se souvenir que l’un des premiers lecteurs attentifs de Propaganda s’appelait JOSEPH GOEBBELS, l’inventeur de la « Propaganda Staffel », de si heureuse mémoire au sein du régime mis en place par un certain ADOLF HITLER. Il est bon de se souvenir aussi que STALINE ne fut pas non plus un trop mauvais élève de BERNAYS.

 

 

Il est bon de savoir que le régime hitlérien, fondé, entre autres, sur la propagande, s’inspire de ce Satan capitaliste américain nommé  EDWARD BERNAYS. J’ai dit, dans des billets précédents, que, par certains aspects, le sang qui coule dans les veines de nos si beaux régimes démocratiques « irréprochables » (terme de SARKOZY) n’est pas aussi éloigné qu’on le voudrait de celui qui a nourri l’organisme hitlérien. N’y a-t-il pas ici quelques éléments de preuve ?

 

 

Vous comprenez peut-être pour quelle raison il y a chez moi quelque chose qui dit, avec les personnages des romans de MICHEL HOUELLEBECQ : « Je n’aime pas ce monde-là ».

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

vendredi, 23 décembre 2011

SARKOZY DEGAINE SON ARMENIE

Allez ! C’est reparti. Mais qu’est-ce que c’est, cette fièvre qui les prend régulièrement, les politicards, qu’ils soient « uhèmpistes » ou « péhessistes », qu’ils dorment au palais Bourbon ou au palais du Luxembourg, qu’ils aient le pouvoir ou qu’ils veuillent le conquérir ? Encore un tour de cinglés ! De toute façon, pour moi, le Bourbon est un mauvais whisky (américain) et le Luxembourg, un paradis fiscal avec « Chambre de Compensation » (ça veut dire Clearstream) incorporée.

 

 

 On avait déjà la répression des PROPOS sur quelques sujets (antisémitisme, sexisme, homophobie et autres « phobies »), sur lesquels on a voulu coudre la bouche des dizaines de millions d’individus qu’on appelle en général la « population », puisqu’on a abandonné le mot « peuple ». Rien que ça : réprimer des PAROLES, ça me fait déjà craindre le pire.

 

 

Eh bien qu’on se le dise, de même que monsieur GERARD COLLOMB a mis les Arméniens dans sa poche électorale en laissant installer un « monument commémoratif » (en fait, une dizaine de totems bizarres) au pied du clocher de la Charité, de même, le président NICOLAS SARKOZY, en vue de la présidentielle, est parti à la pêche aux voix  arméniennes en leur accordant le vote d’une loi réprimant la négation de « tout » génocide en général (sous entendu : du génocide arménien en particulier).

 

 

Eh bien, je me répète, qu’on se le dise : si un candidat, quel qu’il soit, veut acheter ma voix, il va falloir qu’il donne une rallonge sévère au chiffre des picaillons. Ma voix est hors de prix, monsieur COLLOMB. Ma voix est au-dessus de vos moyens, monsieur SARKOZY. De toute façon, il est probable que vous n’avanceriez pas un centime dans cet investissement. C'est du fonds perdu.

 

 

Et vous avez raison : dans toutes les prochaines élections, vous êtes prévenus, ma voix restera dans ma gorge. J’ai cessé de faire joujou avec les petits papiers. Et je ne ferai aucun jeu de mots sur « urnes » et « burnes ». Ici, on est toujours d’une correction impeccable. On a sa dignité, que diable !

 

 

De quoi s’agit-il ? D’une course à pied. D’un sprint, pour être précis. C’est à qui arrivera le premier pour occuper le créneau. Le « Parti Socialiste » annonce il y a quelque temps qu’il fait mijoter une loi sur le sujet. SARKO bondit sur l'UMP : « Merde, on va se faire griller sur le génocide arménien. Vite une loi ! ». Ben elle est là, la loi. Dans le match SARKOZY-HOLLANDE, avantage à SARKOZY.

 

 

Vous avez vu le coup de main ? Chapeau l’artiste ! Remarquez, c'est une habitude à prendre : les faits divers ont bien servi de galops d'essai, au chapitre des lois-événements. Et ces cons de socialistes, qui voient le fromage arménien leur échapper, vous croyez qu’ils font la gueule ? Mais non ! Ils l’ont dans le baigneur ! Dans le dos ! Dans l’anus ! Dans ce que vous voudrez : piégés par SARKO, ils vont la voter, la loi, comme un seul clampin. Bien obligés ! C’est bien fait pour eux !

 

 

Est-ce que ça veut dire pour autant que les Arméniens ont tort ? Non évidemment. Le sol turc abrite en tout et pour tout 60.000 individus de cette … quoi ? Ethnie ? Langue ? Religion ? En 1900, ils étaient 2.000.000. Je signale en passant que 1915 et 1916 ont vu disparaître non seulement des Arméniens en pagaille, mais en gros toutes les minorités (Grecs, Juifs, …) qui occupaient une portion du territoire ottoman. Aujourd’hui, on appellerait ça « minorités visibles ».

 

 

Avec déportations vers Alep, micmacs avec les Russes, et tout un tas d’atrocités sur lesquelles les historiens sont bien documentés, les « Jeunes Turcs » ont construit leur nouvel Etat sur la « turquification » de la population. Je recommande les photos montrant des officiers turcs posant fièrement derrière leurs trophées : des rangées entières de têtes coupées. On n'est pas plus "raffiné". On ne disait pas encore « nettoyage ethnique ».

 

 

 

Et le MUSTAPHA KEMAL ATATURK des familles, qu’on nous sort en toute occasion du placard comme fondateur moderne et progressiste de l’Etat actuel, c’est bien lui qui obtient l’amnistie pour les massacreurs, si je ne me trompe. La Turquie qui réclame son fauteuil à la table européenne, c'est exactement l'héritière de ça, il faut le savoir. La Turquie actuelle est un pays depuis bien longtemps nettoyé des impuretés raciales. Déjà ça, ça me chiffonne la somnolence postprandiale.

 

 

Ce qui me retourne l’estomac et me badibulgue la comprenette, ces jours-ci, ce n’est donc pas un quelconque problème avec les Arméniens, mais avec les épiciers français qui font commerce de ce genre de marchandise, sous l’emballage de n’importe quel yaourt électoral.

 

 

Car la loi votée jeudi n’est pas la première du genre à instaurer un délit d’opinion, une infraction de parole, un crime de pensée. Il a d’abord été interdit de dire du mal des juifs. On a ajouté l’interdiction de soutenir que les juifs n’avaient pas subi une extermination. Sauf erreur de ma part, cette loi "mémorielle" ne dit rien des tziganes, des handicapés, des homosexuels morts à Auschwitz ou ailleurs.

 

 

Et comme, en tout, « il n’y a que le premier pas qui coûte », et qu’un bon politicard soigne correctement les cuisiniers qui le nourrissent, on a continué sur la lancée : il a été interdit de traiter les handicapés d’infirmes ; d’appeler « pédé » un homme qui préfère les hommes ; de tenir sur les femmes des propos jugés méprisants par les femmes ; sur les noirs des propos jugés infamants par les noirs ; sur la Lune des propos jugés diffamatoires par les Lunatiques ; sur les bébés éprouvette des propos jugés injurieux par les éprouvettes. Et tutti quanti !!!

 

 

NE PENSEZ PLUS, VOUS ÊTES CERNÉS. NOUS AURONS LES MOYENS DE VOUS FERMER LA GUEULE. RENDEZ-VOUS !

 

 

 

Il paraît que nous vivons en « démocratie ». MONTESQUIEU, pour que ce régime fût viable, exigeait que les citoyens fussent vertueux. On voit aujourd’hui ce qu’il en est. Si MONTESQUIEU est dans le vrai, la démocratie est bel et bien foutue. Mais prenons les choses et les hommes comme ils sont, de niveau moral moyen et variable. Et « faisons avec », comme on dit. La simple logique veut que, en même temps que les fous, les handicapés et les imparfaits, la démocratie laisse vivre les imbéciles, les crétins, les bas-de-plafond, bref, toutes les sortes de bêtes et de méchants.  

 

 

 

Cette démocratie s’honore de les laisser vivre, mais aussi et surtout de les laisser s’exprimer. En démocratie, on n’a pas le droit d’interdire aux gens d’être cons. Oui, les cons en jouissent aussi, de la liberté  d’expression. Et c’est normal que ce soient des conneries qui sortent de leur bouche. Aussi longtemps que ça reste des paroles.

 

 

Qu’est-ce que c’est, ces « démocrates » en peau de lapin qui se chargent de faire la police du langage et s’érigent en juges de ce qu’il est licite ou pas de dire et d’écrire ? De penser ?  

 

Les juifs s’honoreraient de laisser dire des blagues, même très mauvaises, sur les juifs. Visiblement, ce n’est pas la voie que prend le CRIJF, sous la houlette de son président RICHARD PRASQUIER. Même chose pour les homosexuels, les femmes, les handicapés.

 

 

Même chose, aussi, pour les Arméniens : j'aimerais assez, et pour tout dire, je considèrerais comme tout à fait normal et compréhensible que les Arméniens vivant en France soient eux-mêmes gênés aux entournures par le coup de lèche-cul que les politicards français leur ont fait en l'occurrence. Il faudrait voir à qui le crime profite.

 

 

Je me rappelle une exécrable plaisanterie du clown alsacien ROGER SIFFER : « Quelle est la différence entre un fumier alsacien et un fumier lyonnais (le spectacle avait lieu à Lyon, évidemment) ? ». La réponse était, vous l'avez devinée : « C'est qu'en Alsace, les fumiers n'ont pas de plongeoir ! ». Ouarf ! On s'éclate !

 

 

Minorités de tous les pays, par pitié, laissez dire du mal de vous ! Plus vous laisserez dire, plus ça voudra dire que vous êtes fortes ! Minorités de tous les pays, montrez-vous supérieures à tous les calculs sordides. Le SACRÉ ne se décrète pas à coups de lois. Minorités de tous les pays, ne vous faites pas les flics de la parole et de la pensée. N'ajoutez pas votre pelletée de terre dans le trou où se trouve la démocratie.

 

 

 

Sinon, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Je suggère qu’on fasse une loi pour punir les blagues belges de vingt ans de prison. Ça vaudrait le coup, non ? Et châtier les mauvais qui s'en prennent aux rouquins (voir Egypte ancienne), aux unijambistes, aux sauteurs à la perche, aux automobilistes à contresens, aux réverbères à l'envers, aux sauts de puce. Je vous le demande : de quel droit se moquerait-on des sauts de puce (à la Sainte Luce, les jours rallongent d'un saut de puce) ?

 

 

 

Un cri monte des profondeurs (vous vous rappelez ce que vous chantiez à l'église : "de profundis clamavi ad te") : des lois pour punir, DES LOIS POUR PUNIR, DES LOIS POUR PUNIR. A croire que c'est le point culminant de l'avenir démocratique. Chaque « minorité » doit dire : « Toi, sale politicard que je méprise et qui te mets à mon service pour accéder à ton misérable petit poste de petit pouvoir, satisfais mes exigences forcément légitimes et réprime ceux qui m'humilient, et tu auras droit aux voix de mon groupuscule. Sinon, que la fièvre quarte et la vérole de la Vierge de Guadalupe te patafiolent, la paille en cul et le feu dedans ».

 

 

Car le plus rageant, dans cette évolution inexorable, c’est la raison pour laquelle elle est promue : la ligne bleue de l’élection prochaine, le Graal de politicards vulgaires qui font leur marché en trimbalant de client en client leur bouche en cœur, dégoulinante de « convictions fortes ». « Clientélisme » est un mot décidément trop gentil. Il faudrait des termes plus injurieux, plus proches de la vomissure et de l’étron. Des mots plus sales et plus puants.

 

 

Je me contenterai de traiter tous ces premiers de la classe qui se servent de nous pour leur servir de marmitons, de mitrons et de saute-ruisseau, de qualifier tous ces élèves doués qui ont choisi la carrière de vendeurs de vent d’un seul mot : MINABLES.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

mardi, 20 décembre 2011

PEINTURE : LE TEMPS DU DESASTRE

Résumé : GEORGES POMPIDOU, par centre éponyme interposé, expose sur ses rayons les boîtes de merde de PIERO MANZONI.

 

 

Ce qui est important, désormais, ce n’est pas le « rendu », avec le savoir-faire et le style personnel qu’il suppose. C’est l’ « intention » du peintre et la « cohérence » entre celle-ci et les moyens qu’il met en œuvre, la « syntaxe », le « vocabulaire ». Ce qui compte, c'est le « concept », qu'on se le dise. C'est le « discours » que l'artiste tient sur son « travail ». Tiens, c'est drôle, l'artiste tient le même langage que le « critique ». Et le critique est immédiatement compris de l'artiste. Cela veut dire une chose : tous deux sont en apesanteur, sur le même nuage. Tous deux pratiquent le même enfumage.

 

 

 

Car on est entre soi, on se comprend, on fait partie des initiés. J’aime énormément le langage des « critiques ». Alors je pose la question : les trous dans la toile font-ils partie du « vocabulaire » ou de la « syntaxe » ? Sont-ils « structurels » ou « conjoncturels » ? Est-ce pour laisser passer l’air et la lumière ? Les trous dans la toile sont-ils de l'art ?

 

 

Qu’on se le dise, en art (je ne dis pas « en peinture », car qui fait encore de la peinture ?), TOUT est devenu POSSIBLE. D’ailleurs, on ne sait plus exactement les limites. Qu’est-ce qui est de l’art ? Est-ce que le Piss Christ d’Avignon (ANDRES SERRANO) ? Est-ce même que l’urinoir de MARCEL DUCHAMP ? Est-ce que la tenue rayée de prisonnier des camps à la DANIEL BUREN ? Est-ce que ORLAN ? Est-ce que BOLTANSKI ? Est-ce que CLAUDE VIALLAT ? Est-ce que FROMANGER ? Est-ce que DI ROSA ? Est-ce que COMBAS ?

 

 

Est-ce qu’une salle remplie de ballons de baudruche gonflés dans laquelle les gens doivent se frayer un chemin sans rien faire éclater ? Est-ce qu’une avalanche de balles de ping-pong dans la montée de la Grand’Côte ? Est-ce que des petits poissons dans des sachets en plastique remplis d’eau ? Est-ce que des planches diverses et diversement découpées posées de biais contre le mur ? Est-ce que les tags et les graphs ? Je ne cite évidemment que de l’authentique.

 

 

Que faut-il conclure de tout ça ? Quelque chose de très simple, je crois. Nous vivons dans un temps qui ABOMINE LA LIMITE. Qu’on se le dise : la limite, c’est le mal.

 

 

Tiens, j’ai lu récemment le témoignage d’un couple suédois, face à l’interdiction légale de la fessée chez eux : « Eh bien nous discutons avec lui, ce sont des négociations interminables et épuisantes ». Entre origines ethniques différentes, ça porte le nom glorieux de « métissage » (certains précieux disent « créolisation »). TIKEN JAH FAKOLY le chante à sa façon : « Ouvrez les frontières, ouvrez les frontières, ouvrez les frontières ». Succès international garanti.

 

 

C’est donc valable pour les marchandises et les hommes. On ne voit pas pourquoi l’art resterait épargné par le tsunami. 

 

 

C’est alors qu’on parle de « transgression institutionnelle ». L’oxymore, vous savez, la figure la plus littéraire qui soit, puisqu’elle assujettit impossiblement deux réalités contraires l’une à l’autre (« soleil noir », « feu glacé »), se transforme en mot d’ordre impérieux. Il faut se prosterner devant l'oxymore, accepter que le sens des choses se disloque de l'intérieur. C'est à ça qu'il sert, l'oxymore.

 

 

S’il n’y a pas encore de ministère de la « subversion officielle » (oxymore®), ce qui est sûrement un oubli, je propose à NICOLAS SARKOZY de le réparer séance tenante. Il subventionnerait l’institut des « mutins de la république » (oxymore®), qui n’auraient droit à l’appellation qu’après réussite au « concours de mutinerie » dûment organisé chaque année dans les temples de l’Education Nationale. Avec « numerus clausus » pour que le titre demeure irréprochable et prestigieux. Le « meilleur mutin de la république » recevrait une récompense spéciale du président. On le décorerait, parce qu'il est dérangeant, de l'ordre de la rébellion établie (oxymore®) ou de la dissidence autorisée (oxymore®). Et serait  grassement payé. Avec des pantoufles républicaines en or massif.

 

 

Démerdez-vous comme vous voulez, mais faites-le moi, le grand écart. On vous obligera à être libres. INDIGNEZ-VOUS ! Allez, qu’est-ce que vous attendez ? Dynamitez-moi cette forme, et plus vite que ça ! Faites-moi exploser ces codes ! Enfreignez-les, ces règles, et en chantant ! Un peu de conviction, que diable ! Plus fort ! Eclatées, les conventions ! Disloqué, le carcan des traditions ! Soyez dérangeant ! Subversif ! Bousculez le bourgeois ! Il adore ça, il est « moderne » !

 

 

L’artiste est promu « marginal d’honneur » (oxymore®). JEAN-MICHEL BASQUIAT fut en son temps promu membre honoraire de cette harde. JACK LANG décore des tagueurs et grapheurs de la Légion d’honneur. La « subversion » règne en maîtresse absolue dans les salons de la République. Le peintre qui ne voudrait pas détruire l’ordre établi restera enfermé dans les fumées de l’inexistant (= à la porte de la renommée et du succès).

 

 

La révolution se porte bien, c'est un beau lys rouge (oxymore®) au revers du veston. Le révolutionnaire a pignon sur rue. Il intimide. On baisse les yeux. Tout ça lui a rapporté des milliards. Le dynamiteur en chef est honoré, célébré, adulé des femmes, on se l’arrache. Les artistes l’imitent. Ce sont les MUTINS DE PANURGE, comme dit PHILIPPE MURAY, dans une formule qui condense à merveille l’imposture. 

 

 

Car tout ça est évidemment de la foutaise. En peinture, en théâtre, parfois même en musique (JOHN CAGE, dont j'ai réentendu hier soir la guignolesque et inénarrable "pièce pour piano jouet"), ce qui compte, ce n'est pas l'art. Ce qu'il faut, c'est avoir une IDEE, une simple idée qui va permettre de régner quelque temps sur l'esprit des snobs et des imbéciles, dans l'empyrée du SUCCES.

 

 

Attenter à l'ordre établi, tant que ça reste de l'ordre du spectacle, voilà le nouveau CONFORMISME. Si vous avez ce genre d'idée, fortune est faite. Mais soyez sûr que si vous voulez sortir du spectacle pour entrer dans la réalité avec l'intention d'attenter au même ordre établi, il y a la police et l'armée. Regardez du côté de l'armée égyptienne et de la place Tahrir.

 

 

Pour reconnaître les imposteurs, ces marionnettes du dérisoire, ce n’est pas difficile : vous regardez les « artistes » qui occupent le devant de la scène et dont la cote est au firmament financier. Pour les trouver, ce n’est pas difficile : vous observez le sillage des milliardaires, genre FRANÇOIS PINAULT ou BERNARD ARNAUD.

 

 

S’il reste des artistes, je pose la question : « Où sont-ils ? ».

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

J'arrête là.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mercredi, 30 novembre 2011

DU SAVOIR COURTOIS A HANNAH ARENDT

Résumé : après diverses considérations sur le « savoir courtois », retour laborieux à HANNAH ARENDT.

 

 

A propos de « savoir courtois », il faut dire que, si je fuis tous les « systématistes » et autres élaborateurs extrêmement savants de globalités, de généralités et autres totalités totalisantes, voire totalitaires, il y a bien sûr une part de décision, une décision quasiment politique, le refus horrifié d’une menace qu’on fait peser sur l’individu. Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi une infirmité. Enfin, c’est peut-être une infirmité. Pas sûr.

 

 

Vous voulez que je vous fasse une confidence ? Vous vous rappelez sans doute le 12 juillet 1998, n’est-ce pas ? Eh bien, pendant que deux personnes qui me sont très chères avaient décidé d’aller au cinéma, juste parce que c’était gratuit ce soir-là pour les dames (H.) et demoiselles (J.), j’ai choisi d’écouter Cosi fan tutte, le casque sur les oreilles, qui m’a permis d’échapper aux trois énormes clameurs de la soirée. Je l’ai d’autant moins regretté que les deux personnes en question se sont laissé détourner par « l’ambiance d’enfer » qui régnait place Bellecour, où de gigantesques écrans avaient été dressé. Abdication pitoyable.

 

 

Ce n’est pas pour me vanter, mais j’ai lu Masse et puissance, de ELIAS CANETTI. Un drôle de livre, bizarre, atypique, qui m’a laissé perplexe,  dont le sujet avoué est une analyse du processus qui transforme une « meute » conduite par un chef en « masse » conduite par un « führer », suivez mon regard. Un drôle de livre, qui ne ressemble à aucun autre quant à son objet ou à sa méthode. Où ELIAS CANETTI veut-il en venir ? Ce n’est pas évident. Si je me souviens bien et pour résumer, l’individu, dans la meute, a encore une existence propre, qu’il perd quand celle-ci se transforme en masse. Mais c’est sûrement plus compliqué que ça.

 

 

Pour vous dire, si j’ai fait de l’alpinisme, c’est qu’au sommet du « Moine », du « Grépon » ou de « Trélatête », il y a place pour trois, allez : quatre si on se serre. On est encore des individus. Et on fait de la place au saucisson et au kil de rouge (à 3500 mètres, « la plus humble piquette » (BRASSENS, « Le grand Pan ») se transforme en nectar. Or c’est  le même homme de bien qui l’a dit : « Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on / Est plus de quatre, on est une bande de cons » (« Le pluriel »).

 

 

C’est pourquoi j’ai tiré il y a fort longtemps un trait violent sur les plages du Midi en été, le supermarché le samedi matin, l’autoroute A7 pendant les week ends de « pont », et un certain nombre d’autres lieux qui attirent la concentration du genre humain, devenus comme des camps de sinistre mémoire.

 

 

L’agglutiné vit au rebours de sa propre vie. Ou c’est que je ne sais rien. Je commence à respirer quand l’humain se raréfie. Quand l'individu se dessine et prend forme et consistance.  Supermarché, cinéma ou remonte-pente, l’un des fléaux de notre temps est la file d’attente. Quand il s’agit de faire nombre, je me désagrège. Car il s’agit de faire nombre, il paraît. Il paraît aussi, d’ailleurs, que ça se mesure. Scientifiquement, même.

 

 

J’adapterais volontiers la fable du Corbeau et du Renard en la faisant finir par une sentence comme : « Sachez que tout sondeur vit aux dépens de celui qui répond. Cette leçon vaut bien mon fromage, pauv’con !». J’ai pris « sondeur » parce que ça passait mieux que « statisticien ».  

 

 

J’envierais celui qui porterait sur sa carte d’identité une mention du genre : « Celui qui ne ressemble pas ». Ou : « Perturbateur de statistiques officielles ». Et l’expression « fondu dans la masse » me semble d’une terrifiante vérité. « Fondre » à une température donnée, n’est-ce pas perdre ses contours, ses traits ? Disparaître ? A cet égard, je suis profondément occidental.

 

 

Il paraît que l’oriental se vit comme simple élément d’un grand tout, ce qui a au moins le mérite de faciliter sa disparition, alors que chaque occidental se vit comme une réplique en miniature du centre du monde, et comme tel, irremplaçable. C’est pour ça que SARKOZY se sent obligé de payer des rançons quand des Français sont enlevés au Mali ou au Yémen. Même et surtout quand il nie avoir payé un seul centime.

 

 

Occidental, je suis, occidental je reste. J’accepte l’héritage de l’individu et des Lumières. Plus consciemment et plus volontairement que des gens prêts à piétiner leurs semblables pour rejoindre leur petit carré de plage, parfumé à l’ambre solaire et au suint bestial des animaux vautrés. 

 

 

Vous avez compris pourquoi la télévision n’a jamais franchi mon seuil : être comptabilisé comme un petit sept milliardième de l’humanité ou le  six millionième de l’audience de FRANÇOIS HOLLANDE à la télé m’importe autant que le slip de flanelle que portait le président CARNOT quand il fut assassiné. Le problème de la télévision, c’est qu’elle fait disparaître les individus qui la regardent sans que ces individus s’en rendent seulement compte.

 

 

Bon, je vais quand même tâcher de revenir à HANNAH ARENDT. J’ai un peu l’impression de piétiner à l’entrée. Voire de reculer. Enfin, je me dis que je ne quitte pas tout à fait le terrain. Si j’insiste, c’est que je crois que cette femme, sans a priori, sans volonté de « faire système », nous parle du monde qui est le nôtre, et essaie d’en dégager pour nous le sens. Ce n’est pas une négatrice. Je crois même qu’elle ne l’est pas assez. Mais c’est qu’elle reste attachée à une démarche profondément philosophique.

 

 

Il faut d’abord dire que la Grèce ancienne fascine HANNAH ARENDT, qu’elle est très souvent présente à son esprit comme modèle insurpassé de civilisation, auquel il convient de se référer en priorité. C’est un socle. Pour parler franchement, j’ai buté sur la distinction entre « privé » et « public », et il y a des maillons du raisonnement qui m’échappent.

 

 

« Privé » ? « Public » ? On se rappelle les batailles de chiffonniers qui ont été livrées autour des chiffons « islamiques ». Qu’est-ce que c’est, « l’espace public » ? Il me semble qu’aujourd’hui, on peut dire qu’on entre dans l’espace public dès qu’on sort de chez soi. Si c’est bien ça, ce dont je ne suis pas si sûr, finalement, l’espace privé, j’en conclus que c’est tout simplement « chez soi ». C’est pas logique, ça ? Et bien pour les Grecs de l’antiquité, pas du tout, figurez-vous.

 

 

Si j’ai correctement compris, les Grecs opposaient le social (autrement dit le privé) et le politique (autrement dit le public). Du côté du social, la famille, cellule de base, où le père règne en despote, la famille qui est régie par la nécessité. ARENDT semble soutenir que toute l’économie antique relevait exclusivement de la sphère privée. Du côté du social et de la nécessité, encore, le travail. Tout cela est donc considéré comme relevant de la sphère du privé.

 

 

Du côté du politique, il y a la cité, la « polis » (πόλις), où règne l’égalité entre des individus libres. Être libre, c’est n’être ni chef, ni sujet. C’est dans cette sphère publique que se réalise la politique, que s’exerce le gouvernement. Pour HANNAH ARENDT, cette division des tâches semble être la plus noble qui puisse être, car c'est au niveau de cette vie publique que s'organise la société des hommes.

 

 

Ensuite, ça se complique. Au moyen âge, le privé prend de l’extension, donc le politique en perd logiquement, parce que le gâteau essentiel n’est pas plus gros qu’avant, ce qui entraîne une contamination du politique par le social, et de ce fait même, une réduction de l’homme à une fonction économique. Jusque-là, c’est logique.

 

Si j’ai correctement compris, c’est au 18ème siècle qu’apparaît la notion d’intimité. Et c’est là que, pris en sandwich entre le « public » proprement politique et le « privé » (tout le reste ?), s’interpose quelque chose qu’elle appelle le « social ». Et si j’ai correctement compris, ce dernier est assez envahissant. On change de dimension. On passe de la famille à la société, mais en gardant le despotisme. Dans la famille ancienne, le despote, c’est le « paterfamilias ». Dans la société, c’est la MAJORITÉ, le despote.

 

 

Et qu’est-ce qu’elle devient, l’égalité ? Ben oui, c’est quand même dans la devise républicaine, non ? Là, HANNAH ARENDT a une idée qui me semble GENIALE. L’égalité des Grecs anciens, c’est de n’être ni chef, ni sujet. Notre égalité à nous, c’est le CONFORMISME. Parfaitement ! C’est rude, je sais. Et un conformisme conscient, lucide, voulu par la structure elle-même. La preuve ? La statistique, mon bon monsieur. La reine des sciences sociales. « La science sociale par excellence », dit HANNAH ARENDT.

 

 

Là, je ne peux pas faire moins que de renvoyer à mon blog KONTREPWAZON et aux articles sur les statistiques et le terrorisme de la moyenne (2008). Pourquoi ? Parce que je crois que l’entrée de la société dans la statistique fait passer l’Occident d’une ère proprement politique de la vie humaine en liberté à l’ère de la gestion comptable de l’humanité réduite à l’état de stock.

 

 

Même si ce n’est qu’une hypothèse, ça mérite d’être médité, en ces temps de propagande enfoncée dans le crâne des foules à coups de télévision et de radio (tous partis confondus). Attention, mesdames et messieurs, c’est qu’il y a de la pensée, ici !

 

 

Ben réfléchissez ! Au moment où la statistique et la moyenne font leur apparition, l’attitude et le comportement des dirigeants CHANGENT. Avant, qu’est-ce qu’ils ont, comme outils ? Rien. On commence aux missi dominici, aux préfets, aux commissaires, aux fermiers généraux, qui sont tous envoyés par le haut pour faire régner l’ordre du haut. C’est, on l’admettra facilement, ALEATOIRE.  

 

 

A partir du moment où, tout en haut, on sait, par exemple, sur combien d’hommes costauds on peut compter pour la prochaine guerre, parce qu’on a pris le soin de les compter, mais rendez-vous compte de l’avantage ! Il semblerait que ça ait commencé avec LOUIS XIV. Et la statistique, qui n’est pas une science, mais une suite d’opérations, va permettre l’épanouissement d’une autre discipline, une discipline dévorante, qui va bientôt prétendre au noble statut de science alors qu’elle n’y a aucun droit : l’ECONOMIE.

 

 

HANNAH ARENDT écrit : « L’économie ne put prendre un caractère scientifique que lorsque les hommes furent devenus des êtres sociaux et suivirent certaines normes de comportement ». Ce qui est extraordinaire, dans cette mutation brutale (« rupture », mais pas en termes sarkozystes), c’est que la moyenne statistique s’impose bientôt comme une NORME. Autrement dit, magie-magie : le simple constat prend force de loi.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre ? Peut-être.

 

 

 

 

jeudi, 24 novembre 2011

POLITIQUE ET ENVIE DE VOMIR

Quelques billevesées, balivernes, calembredaines et autres coquecigrues bien de saison :

 

I – La philosophe HANNAH ARENDT, dans Condition de l’homme moderne, hiérarchise ainsi les activités humaines :

 

1 – Tout en bas, le travail, qui traduit un asservissement à la nécessité. Son statut est le même que celui du servage.

2 – Un peu au-dessus du travail, l’œuvre, c’est-à-dire tout ce que l’homme interpose entre le monde et lui. On pourrait dire : tout ce qu’il ajoute à la réalité naturelle.

3 – Tout en haut des activités humaines : l’action. Essentiellement l’action politique, celle par laquelle les individus décident de leur appartenance au monde humain.

 

Bien sûr, il s’agit là de l’os. Je ne vais pas résumer le bouquin. Je laisse à chacun le soin de disséquer toute l’abondante et forte viande que HANNAH ARENDT a mise autour.

 

*

 

II – Le sociologue EMMANUEL TODD qui, à mon avis, porte sur le monde qui est le nôtre un regard original et non dépourvu de pertinence, déclarait à la radio il y a déjà quelque temps que les personnels politiques occidentaux en général, et français en particulier, se caractérisaient par une énorme, une inconcevable, une colossale MEDIOCRITÉ. Je pense qu’il voulait parler spécifiquement de leur médiocrité politique.

 

*

 

III – Le philosophe PLATON me déclarait, pas plus tard que la semaine dernière, que la pire des calamités qui puissent s’abattre sur un peuple, c’est que le pouvoir soit exercé par quelqu’un qui l’a ardemment désiré. Moralité : je ne vise personne, mais suivez mon regard. La juxtaposition de ces trois « jalons » constitue sans doute une claire indication de la direction.

 

***

 

Avant de commencer, un peu de correction du langage : il devrait être interdit de parler des élections présidentielles, qui supposeraient qu’on élit plusieurs présidents. Parlons, oui, des élections législatives : 577 députés, c’est certain, ça mérite le pluriel. Mais tant qu’il n’y a qu’un président élu, parlons, s’il vous plaît, de l’élection présidentielle. Merci d’avance.

 

***

 

Qui gouvernera la France en 2012 ? En l’état actuel des choses, je dirais volontiers que ma crainte est la réélection de notre nabot national. Mon raisonnement est le suivant. Ce ne sont pas tant le charisme, le prestige ou l’infaillibilité de NICOLAS SARKOZY qui plaident en faveur de cette hypothèse, que la médiocrité de ses adversaires putatifs.

 

 

Mais il y a aussi et surtout, à son service, une machine à conquérir le pouvoir redoutablement huilée et entraînée. Pour reprendre les trois jalons ci-dessus, personne en France, aujourd’hui, ne désire plus ardemment le pouvoir que NICOLAS SARKOZY. La politique, il s’en balance, il s’en fout, il s’en gausse.

 

 

La politique ? Mais il la méprise ! Il faut bien s’en convaincre : NICOLAS SARKOZY n’est pas un homme politique. C’est un APPÉTIT. C’est une des raisons qui font qu’EMMANUEL TODD a raison : nos personnels politiques sont incomparablement MEDIOCRES.

 

 

Pour lui, la politique se réduit à quelques données fondamentales : MANIPULER, MENTIR, PROMETTRE, ACHETER.

 

 

Mentir, ça a commencé très tôt : « Je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas ». Manipuler, c’est, par exemple, un homme de droite qui cite JEAN JAURÈS, célèbre GUY MÔQUET, débauche quelques bâtons merdeux du Parti Socialiste (KOUCHNER, BESSON, etc.). Acheter, c’est nommer à un poste prestigieux ou très rémunérateur des gêneurs ou des adversaires possibles. On appelle ça « voie de garage ».

 

 

Voilà le seul « credo » politique de NICOLAS SARKOZY. Cet homme (excusez-moi pour le terme, je n’en trouve pas d’autre) a compris l’état de déliquescence au stade terminal dans lequel se trouve le système politique français (l’italien n’est pas mal non plus, et quelques autres). Il a compris qu’il n’y a plus d’idées politiques. Il a compris que le monde actuel est guidé par deux certitudes qui se foutent éperdument de toute doctrine : la GESTION d’une part, et la COMPETITION d’autre part.

 

 

Il a compris que le monde actuel est une COQUILLE POLITIQUEMENT  VIDE, dans laquelle se contentent de jouer des FORCES voraces, qui n’ont besoin que de gestionnaires très compétents, de bons élèves sortis de bonnes écoles. Pour un tel opportuniste, c’est pain bénit.

 

 

Car NICOLAS SARKOZY a un seul objectif : LE POUVOIR. Si ce n’est pas pour le conquérir, c’est qu’il l’a déjà conquis et, avis à la population, qu’il fera TOUT pour le garder. Pour cela, il profite et abuse d’un outil aberrant, mais qui est entré dans les mœurs, au point d’imposer son hégémonie contre toute raison. Je veux parler du tout puissant SONDAGE.

 

 

Cette obsession du sondage chez NICOLAS SARKOZY est une preuve suffisante et aveuglante que son premier objectif n’est pas la politique à proprement parler, mais L’IMAGE que la population se fait (ou plutôt dont on lui bourre le crâne) de la politique. Toute l’action de NICOLAS SARKOZY se limite à la construction, à l’élaboration, à la fabrication et à l’invention de l’image de la politique, qui doit se résumer, dans son esprit, à son image à lui.

 

 

D’où l’explosion des factures de l’Elysée en dépenses de sondages pullulants et proliférants, fiévreusement décortiqués et analysés. D’où l’explosion du budget que l’Elysée consacre à la « communication » (voir par exemple ce qui s’est passé avec l’arrivée de THIERRY SAUSSEZ à l’Elysée). D’où le verrouillage minutieux et permanent des « éléments de langage » colportés par les équipes du gouvernement et des communicants, et le rappel à l’ordre impérieux des maladroits et des récalcitrants.

 

 

Si après les intimidations et menaces diverses, le « bug » insiste et refuse de s’écraser, on fait le ménage, et on débarque sans ménagement le coupable sur quelqu’une des nombreuses îles sécrétées par les institutions de la République (laissez-moi pouffer !), îles aussi désertes que princièrement rémunérées. La promotion éliminatoire est en effet un des procédés favoris de NICOLAS SARKOZY (et soyons jute : de ses prédécesseurs) pour se débarrasser d’un adversaire potentiel (en l’achetant). 

 

 

Une autre pièce d’importance sur l’échiquier « politique » de NICOLAS SARKOZY : le FOU. Je veux dire, évidemment, le JOURNALISTE, dont il achète l’attention à coup de sièges et de confidences « off the record »  dans l’avion présidentiel, ou qu’il punit à l’occasion, comme LAURENT MOUCHARD dit JOFFRIN, à une conférence de presse remarquée. Le principe est le même que pour les publicités BENETTON après le scandale qu’elles ont volontairement déclenché : dites du mal ou dites du bien de moi, je m’en fous, pourvu que vous parliez de moi.

 

 

L’important est le positionnement : toujours au centre du foyer (on parle alors de « focalisation »), par exemple en lançant de belles et saignantes polémiques. Etre celui qui suscite reste une des bases de la communication de toute l’équipe de NICOLAS SARKOZY. Le journaliste suivra comme le mouton suit celui qui le précède. Et tout ça est évidemment soigneusement concerté, calculé, supputé dans l’équipe de communication.

 

 

Dernier point sur la mécanique de conquête, je n’y insisterai pas : L’entente avec les puissants et les riches. On n’a pas oublié ERIC WOERTH flattant les membres du « Premier cercle » au cours de réunions discrètes et hautement rémunératrices pour les caisses de l’UMP. C’est la litanie bien connue : FOUQUET’S, BOLLORÉ, LAGARDERE, BOUYGUES et compagnie.

 

 

Les premiers éléments indiquant que NICOLAS SARKOZY a toutes les chances d’être réélu sont là. Les autres éléments sont exactement en face. Et regardez-les, les éléments-en-face. Un énigmatique monsieur POUTOU clair comme de l’eau de roche : il découle de la LCR déguisée en NPA, lui-même hérité de BESANCENOT. Un JEAN-LUC  MELENCHON qui veut faire croire que quoi ? Qu’il est honnête, quand il tempête à une tribune ou sur un plateau de télévision ? A qui fera-t-on croire ce conte de fées ?

 

 

Une EVA JOLY bientôt vierge et martyr jetée dans le panier de vieux crabes, qui tâche d’exister en pariant sur l’intransigeance, mais qui est déjà bien abîmée avant même d’être vraiment entrée en scène. Si elle s’appelait JEANNE D’ARC, je parie qu’elle irait faire sacrer le roi à Reims.

 

 

Une MARINE LE PEN, autopromue chevalier blanc en lieu et place du chevalier blanc « tête haute, mains propres », et qui défend des « idées », paraît-il, comme ce très improbable retour de la NATION. Si vous voulez mon avis, la nation, si elle n’est pas tout à fait « en trépas », n’est plus tout à fait « en vie ».

 

 

Et maintenant, « grelot, grelot, combien j’ai de sous dans mon sabot ? », « last, but not least », le pauvre FRANÇOIS HOLLANDE. Pourquoi « pauvre » ? Je ne parle évidemment pas de son patrimoine : je crois savoir qu’il est supérieur au mien (voir les quelques pages de journaux y consacrées il y a quelques années).

 

 

Je parle de la tête qu’il fait sur les photos. On me dira ce qu’on voudra, cet homme, quand il ne fait pas des yeux de bête traquée, a l’air d’un élève de CM 2 récompensé par la maîtresse d’école. A la rigueur, je l’admets comme le comptable de l’entreprise, que le patron vient de remercier chaleureusement pour la clarté de son bilan, à la fin du conseil d’administration. Lui aussi, il essaie de faire croire. Mais quoi ?

 

 

Un dernier mot sur la médiocrité de nos personnels politiques. Vous avez forcément remarqué que ce sont TOUS d’excellents élèves, et même des premiers de la classe (regardez bien COPÉ, MONTEBOURG, FILLON, PEILLON ; regardez-les bien tous en version « premiers de la classe »). Ils ont choisi de « faire carrière », aidés en cela par le cumul des mandats.

 

 

Ces quelques centaines de membres de l’élite de notre pays qui, droite ou gauche, fonctionnent comme une « famille » sicilienne qui intronise ou repousse qui elle veut, ne font rien d’autre que se partager des gâteaux, même s’ils proclament être « portés par de fortes convictions ». Droite ou gauche, ils sont formatés intellectuellement de façon strictement identique (la caricature, c’est l’E. N. A.).

 

 

Vous avez compris pourquoi je crains, en 2012, le retour du nabot.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Question subsidiaire : lecteur attentif, fûté et affûté, sauras-tu deviner l'anagramme dissimulée dans "nabot" ? Quand je te dis qu'il faut craindre le "retour de bâton" !

 

 

vendredi, 11 novembre 2011

HYMNE A LA POLITIQUE

(FANTAISIE INACTUELLE)

 

Il était une fois, au pays des plaisirs,

Des tables très bien mises et des mille loisirs,

Un roi qui s’ennuyait, qui, pour tromper le temps,

Tel un vibrion fou, bougeait à chaque instant.

 

Tout, en lui, frétillait, bronchait, se démenait,

Tout se contorsionnait, courait, ruait, piaffait.

L’épaule s’agitait, l’œil roulait sur lui-même,

Le corps entier sautait de problème en problème.

 

Oui, tel un étalon ivre de sa puissance,

Il battait la campagne et parcourait la France,

C’était son obsession, son hobby, sa marotte.

Discourant en usine, ou bien dans les popotes,

 

Il haranguait la foule en prêchant la vertu,

Pérorant d’abondance en homme convaincu.

Postillonnant ses vérités catégoriques

 Il était plein d’orgueil, et un brin fanatique.

 

« Quoi ! Nous avons élu ce pitre, ce fantoche ! »,

Se lamentait le peuple, indigné du cinoche

Auquel se complaisait le président français,

Se promettant bientôt, après tant de méfaits

 

Commis en peu de temps par l’odieux personnage,

De le renvoyer paître en ses verts pâturages.

Hélas, trois fois hélas, personne face à lui

Ne semblait en mesure, ou trop peu aguerri,

 

Ou trop peu sérieux, de pouvoir lui contester

Le fauteuil principal, la place de premier.

Une Marine aura le « front » de la briguer,

Forte de l’oncti-on paternelle héritée.

 

Mais peut-on se fi-er, sans traumatisme aucun,

A la main inexperte, aux choix inopportuns,

A la vindicte, aux préférences nationales,

Aux xénophobes, aux replis, aux mercuriales ?

 

Quant à ce triste « Sir », FRANÇOIS quand il lui plaît,

HOLLANDE quand le vent, carrément retourné

Comme un gant de cuir jaune, ou bien comme une couette,

Lui souffle allègrement des airs de girouette,

 

Voulez-vous faire fond sur ses patelinages,

Ses airs de bon élève, à l’œil de racolage ?

Socialiste aujourd’hui mais libéral demain,

Comment faire confiance à ce Français moyen ?

 

Flanby, homme propret, conviendrait à merveille

Pour diriger demain l’école maternelle.

Mais lui confier la France ? Perdîtes-vous l’esprit ?

Reprenez-vous, de grâce, admettez mon avis.

 

Alors voterons-nous pour JEAN-LUC MELENCHON

(Est-il descendant de PATERNE BERRICHON ?*),

Le tribun, l’orateur, le foudre d’éloquence,

Qui jure ses grands dieux de redresser la France ?

 

La redresser ? Quoi donc ? Mais tous, ils y aspirent.

Tous, ils chantent très fort, rêvent de rebâtir

La Nation forte en gueule et riche de jurons.

Qui leur ferait crédit ? Souffleurs de mirlitons !

 

Tous porteurs de postiche ! Et tous vrais arlequins !

Prestidigitateurs flétris ! Tous cabotins !

Ils nous la baillent belle, avec leurs grands serments,

Leurs mots définitifs, leurs mirifiques plans !

 

Pour moi, j’ai dès longtemps délaissé leurs estrades,

Leur grimace à l’air faux et leurs fanfaronnades :

« J’irai chercher Croissance en jouant de mes dents »,

Disait l’autre avorton, ce nouvel Artaban.

 

Electeur déniaisé, crois-en mon expérience,

Si l’un qui veut la place y voit l’unique chance,

Pour lui, enfin, de naître à la seule existence

Valant d’être vécue, vois, c’est sans importance.

 

Avec raison, dis-toi qu’il est bien malheureux,

L’homme qui court sans cesse après le fallacieux.

Qu’il entre dans l’histoire, ou qu’il en soit chassé,

Que t’importe sa course ? Que te chaut sa pensée ?

 

Laisse courir son ambition avec la poudre

Du chemin, vois cette poussière se dissoudre.

Reste chez toi, ferme les yeux sur le spectacle.

Reste bien en repos, nul ne fait des miracles.

 

Dis-toi : « La vie qu’il a choisie n’est pas la mienne ».

Dis-toi qu’il n’y a pas de promesse qui tienne.

Et la prochaine fois qu’à grands coups, la trompette

T’appelle vers une urne qui fait la coquette,

 

Crois-moi, reste chez toi, ou bien va à la pêche.

Il faut aussi te cuirasser contre le prêche.

Pour cela, rien de mieux que le lit conjugal,

Donne et prends du plaisir au degré maximal.

 

Car c’est jusqu’à présent l’un des plus sûrs moyens,

Sans vouloir être un poids pour ses contemporains,

D’accéder au bonheur simple d’être vivant.

En attendant la mort, profitons du bon temps.

 

 

* PATERNE BERRICHON fut le beau-frère et l'éditeur d'ARTHUR RIMBAUD.

 

 

NOTE À BENNE : en ce 11 novembre, ayons une pensée pour les victimes du génocide européen de 1914-1918. Vous pouvez faire un petit détour par les articles que je leur ai consacrés en 2007 sur mon blog KONTREPWAZON. Vous cliquerez sur la catégorie Monuments aux morts (colonne de gauche).

 

 

On peut aussi s'arrêter dans les villages, pour voir le nombre de noms de la même famille qui sont gravés sur le flanc ou sur la face du monument. Il y eut, en tout et pour tout, dix-sept communes qui n'eurent pas à graver les noms des garçons du patelin sur le monument aux morts. Ils n'érigèrent même aucun monument. Parce qu'aucun garçon, ou bien ne fut appelé, ou bien ne fut tué.

 

 

Certains grands généraux français firent pilonner la tranchée française de première ligne, pour obliger les poilus à attaquer. Il leur suffisait de donner l'ordre à l'artillerie (française) de raccourcir ses tirs. Ce sont autant de CRIMES DE GUERRE. 

 

 

Le souvenir de ces criminels qui ne furent jamais jugés me fait irrésistiblement penser aux grands généraux européens qui, en cet instant même, dirigent les opérations, dans la guerre qui se mène aujourd'hui contre l'Europe. Ils sont en train d'ajuster les tirs de l'artillerie financière sur les tranchées où se sont réfugiés les peuples. 

 

 

Quel avenir pour les peuples européens ? Jugera-t-on les criminels ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

vendredi, 04 novembre 2011

ENFANCE : A PROPOS D'UNE IMPOSTURE

DE LA BEAUTE D'UN SLOGAN : « JE VEUX APPRENDRE »

 

 

Il existe non loin de chez moi un lieu paradisiaque réservé aux enfants. Il porte le doux nom de « Maison de l’enfance », et le monde entier nous l’envie. Enfin, « paradisiaque », je n’en sais rien. C’est en tout cas l’impression laissée par la décoration extérieure.

 

 

On en acquiert aussitôt le sentiment infaillible que les autorités compétentes ont pris le « problème » de l’enfance tout à la fois aux cheveux, à gauche, à cœur, au mot, au sérieux et à bras le corps (n'en jetez plus !). C’est clair : on ne se fout de la gueule d’absolument personne. Je n'en sais rien, mais il y a fort à parier qu’un tel bâtiment a été inauguré par notre « grand-maire » lui-même, GERARD COLLOMB.  

 

 

L’artiste qui a été rémunéré pour donner au message envoyé par notre « grand-maire » GERARD COLLOMB à la planète et à la ville (traduire Urbi et Orbi) toute l’ampleur esthétique que requiert l’importance du problème, l’artiste, disons-le sans ambages, s’est surpassé.

 

 

Sur les deux pans de murs qui font l’angle des rues Chariot-d’Or et Dumont-d’Urville, il a disposé, en très grand, ce qui ressemble à un dessin d’enfant, avec, sur plusieurs lignes orientées en biais, sans doute pour simuler la touchante maladresse de la main enfantine, une écriture d’enfant à la gloire du bonheur d’apprendre.

 

 

Le couronnement de cette authentique « œuvre d’art » consiste en le visage d’un petit garçon et d’une petite fille pointant leur regard et leur visage rayonnant vers un avenir radieux, autrement dit en haut à droite. Sur une sorte de phylactère semblant sortir de leur bouche, probablement inspiré d’une miniature médiévale, on lit cette phrase où se résume la philosophie de notre « grand-maire » GERARD COLLOMB et de notre époque tout entière : « JE VEUX APPRENDRE ».

 

 

Cette simple phrase, ça n’a l’air de rien, c’est plat, une simple petite phrase simple, affirmative, sujet, verbe, C. O. D., même un enfant est en mesure de la comprendre. « JE VEUX APPRENDRE ». C’est dans ce genre d’occasion qu’on découvre le démesuré des grands sentiments que les adultes éprouvent pour les enfants. Enfin, pas exactement : que les adultes éprouvent à la place des enfants. Ce n’est même pas exactement ça : que les adultes veulent à tout prix que les enfants éprouvent. Enfin : « voudraient » serait plus exact que « veulent ».

 

 

On a vraiment l’impression au premier rabord que l’enfant est de lui-même porté vers et par la volonté d’apprendre. En réalité, il n’en est rien, car la phrase ne veut pas dire ce qu’elle semble dire. L’enfant n’a jamais VOULU apprendre. Simplement, il a consenti à faire ce qu’on lui disait de faire. Et si ça lui a plu, il a continué, il y a même peut-être pris goût.

 

 

Cette phrase signifie exactement ceci : « Enfant, toi qui entres dans cette Maison de l’Enfance que la collectivité a édifiée à ton seul bénéfice, et que notre « grand-maire » GERARD COLLOMB a inauguré sans dissimuler l’immense amour qu’il a mis dans l’entreprise, tu es invité, ou plutôt, tu es SOMMÉ d’obtempérer à l’ordre qui t’est donné par cette petite phrase anodine. Parce que toi, à proprement parler, tu ne veux rien, rien que barbouiller (pardon : dessiner), jouer et courir, si possible en criant ».

 

 

« JE VEUX APPRENDRE », ça illustre bien l’hypocrisie, et je dirai la perversité de l’adulte qui prend ses désirs pour des réalités et voudrait à toute force que ça se traduise dans la réalité. La France dispose d’ailleurs, en la personne de NICOLAS SARKOZY, d’une sorte de modèle du genre : « (je veux) travailler plus pour gagner plus », on a vu ce que ça voulait dire une fois traduit en français profond. « Je veux apprendre », il faut donc le traduire : « tu dois apprendre ».

 

 

Et pour éviter de faire apparaître le principe d’autorité que cache la petite phrase anodine, notre « grand-maire » et ses complices ont fait semblant d’être des enfants. Ils disent : « Tu ne voudrais tout de même pas décevoir toute l’attente et tout l’espoir que nous affirmons fort et clair à nos électeurs vouloir mettre dans notre volonté enthousiaste de construire l’avenir, conformément à nos cent dix promesses électorales. N’est-ce pas, que tu vas faire des efforts pour m’éviter d’avoir menti ? ». La manœuvre est claire : imposer en culpabilisant, en faisant intérioriser  l’ordre qui lui est finalement donné de l’extérieur. Je serais désolé de n’avoir pas été assez clair.  

 

 

C’est de plus en plus évident : le principe d’autorité aujourd’hui est devenu inavouable comme un vice abominable. C’est l’entreprise qui a montré le chemin. On ne parle plus, et depuis longtemps, d’ « employés », mais de « collaborateurs ». Il n’y a plus de « chef du personnel », mais un « directeur des ressources humaines ».

 

 

Moyennant quoi les travailleurs ne vont plus travailler, mais œuvrer à la réussite du groupe. Il ne s’agit plus de remplir une tâche contre  rémunération, mais de contribuer personnellement au développement de l’entreprise. Ce n’est plus seulement le corps qui doit fournir les efforts dus à celui qui paie, c’est l’âme tout entière qui est impérieusement invitée à se confondre avec la tâche rémunérée.

 

 

Chacun sera désormais personnellement impliqué dans le process, et aura à cœur de porter les valeurs propres à l’entreprise. Chacun désirera intimement que l’entreprise se développe à l’export, convaincu au plus profond de lui qu’une dynamique forte permettra de dépasser les objectifs fixés par le dircom.

 

 

Il faut intérioriser ce monde, ce langage, ces notions. Sinon, nous sommes désolés, cher collaborateur, votre implication au sein de l’équipe a été jugée insuffisante par le management, qui se voit au regret de devoir se passer de votre précieuse collaboration et se séparer de votre personne. Croyez bien que nous le déplorons. Autrement dit, le principe d’autorité n’a pas disparu. C’est même le contraire : il est d’autant plus puissant que dissimulé.  

 

 

Au collège, au lycée, c’est la même chose. Le cours magistral ? Une vieillerie. L’autorité du maître ? Un fascisme insupportable. Des devoirs notés de 0 à 20 ? Un abus de pouvoir, et qui plus est dévalorisant. Le maître lui-même ? Au mieux, un animateur, au pire un empêcheur. Faisons donc disparaître le principe d’autorité. Les élèves auront donc désormais les mêmes droits que le maître. Moyennant quoi celui-ci devra, au début de CHAQUE cours, quémander à ceux-là le droit de leur enseigner ce qu’il sait.

 

 

L’autorité a-t-elle pour autant disparu ? Que nenni, messires, que nenni ! Le principe d’autorité aura peut-être déserté l’institution scolaire, et ce beau résultat est en passe d’être atteint. Il s’est simplement réfugié ailleurs. Où cela ? Pas loin : il attend avec sa matraque, juste derrière la porte de sortie de l’école. Il s’est déguisé et a pris d’autres noms : recherche de travail, entretien d’embauche, chômage, etc. Le principe d’autorité, il s’est simplement réfugié dans ce qu’il faut bien appeler la réalité des rapports sociaux.

 

 

Et l’enfant qui entrera dans le monde du travail, ayant été ainsi trahi par l’école même qui était censée lui donner les armes, eh bien si j’étais à sa place, j’aurais vraiment envie, là, de devenir violent.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

dimanche, 16 octobre 2011

"GENRE" ET BOURRE ET RATATOUILLE (2)

Je voudrais par ailleurs qu’on m’explique ce que le « genre » apporte de nouveau, et que l’humanité ignorait scandaleusement depuis toujours. Selon moi, il n’apporte RIEN qu’on ne sût déjà, d’un savoir dûment répertorié. Alors comme ça, tous ces gens empressés autour du « genre » découvrent stupéfaits qu’il faut vingt ans de socialisation pour rendre un humain assez autonome pour se prendre en charge.

 

 

Ils découvrent ahuris que le petit d’homme débarque dans une culture toute faite, dans une langue toute faite, et qu’il va passer 7300 jours (= 20 ans, sans compter les 29 février, réservés à La Bougie du Sapeur) à emmagasiner, à acquérir, à APPRENDRE. Quand je suis né, je n’avais pas demandé à apprendre le français. Et pourquoi pas l'ourdou, le tchouvache ou le khabardino-balkare ? Eh bien tenez-vous bien, j’ai été obligé ! Parfaitement ! C’est intolérable ! C’est fasciste ! Après tout, la langue aussi, c’est une « construction culturelle » ! La langue ? Une réserve inépuisable d’arbitraire. Pourquoi dit-on « table » pour exprimer une table, après tout ?

 

 

Je n’ai pas demandé non plus à marcher. Eh bien c’est pareil, on m’a forcé. Pourtant marcher, c’est encore une « construction culturelle » ! Après tout, on pourrait ramper, retourner à quatre pattes, non ? Il s’est passé la même saloperie pour « travailler », « écrire », « s’habiller », « manger » et un tas d’autres trucs : rien que des « constructions culturelles » ! Tout ça qu’on inculque (les « valeurs », les « manières » et tout ça), sans même demander l’avis du petit, franchement, vous voulez que je vous dise : c’est abuser. Ma parole, mais c’est le règne de l’arbitraire !

 

 

Alors tous ces gens, puisque ça les amuse de « déconstruire » les faits culturels, mais qu’ils y aillent carrément ! Pourquoi se limiter au sexuel ? J’ai parlé de la langue, mais tout est susceptible « d’y passer », à la casserole « déconstructionniste ». Oui, au fait, je ne l’ai pas dit : cela s’appelle « déconstruire ». D’ailleurs un des rares trucs que la France ait exportés aux Etats-Unis, en dehors de son « patrimoine immatériel de l’humanité », qui est la gastronomie, c’est le « déconstructionnisme » inventé par JACQUES DERRIDA et MICHEL FOUCAULT. Avouez que ce n’est pas de veine.

 

 

En gros, « déconstruire », ça consiste à couper les cheveux culturels en quatre, et si possible davantage. Il n’y a pas de limite au « déconstructionnisme ». Pour faire simple, on analyse les faits, les valeurs dont nous sommes faits, l’histoire dont nous sommes le résultat, et l’on s’efforce de démontrer « scientifiquement » que tout ce qui nous constitue est le résultat d’un conditionnement arbitraire, donc scandaleux. Dans le fond, nous aurions pu être tout à fait autres que ce que nous sommes si les choses avaient tourné autrement pour nous. C Q. F. D. (on ne peut qu’abonder à tant d’évidence). Si vous ne saviez pas ce qu’est un « truisme », en voilà un beau.

 

 

Car des « constructions culturelles », on en prend plein la figure et on en rend autant tous les jours comme s’il en pleuvait. On est encerclé, on baigne dedans, on en fabrique à tout moment de la journée. Et je me dis que s’il faut « déconstruire » tout ça, on n’a pas fini. Autant s’y mettre dès la naissance. Ah ! On me dit que ce n’est pas possible, qu’il faut attendre que quelque chose soit construit. Pas de chance !

 

 

Bon, je sais bien que les sectateurs sectaires du « genre » focalisent leur attention sur le sexuel. On ne sait jamais, l’obsession n’est pas loin. D’une manière générale, ils regardent, pour les « déconstruire », les codes sociaux. Pourquoi pas ? Mais ça ne change rien à la question de base : pourquoi vivons-nous comme nous vivons, et pas autrement ? Ni aux questions suivantes : pourquoi la société impose-t-elle ses conditionnements de façon autoritaire et stéréotypée ? Et pourquoi les jouets des filles sont-ils des poupées ? Et pourquoi les hommes ne s’habillent-ils pas en robe ?

 

 

Bon, un « code social », qu’est-ce que c’est ? Pour faire simple, c’est renoncer à flanquer ta main dans la figure du type dont la gueule ne te revient pas. Au final, c’est ce qui permet aux gens de ne pas s’entretuer. Et même, soyons fou, de rendre possible, voire agréable, la cohabitation avec des gens qu’on n’aime pas, ou du moins des gens qu’on n’a pas choisis. Au total, ça fait une somme astronomique. Mais ce n’est pas vraiment à ça que s’en prennent les furieux du « genre ».

 

 

Car ce qu’ils ont dans le collimateur, c’est situé plus profond. Ils dénoncent la façon même dont madame Lasociété (c'est la mère maquerelle du bordel ambiant)  façonne les gens à l’intérieur, leur impose une identité qui n’est pas la leur, les empêche d’ « être eux-mêmes ». « Deviens ce que tu es », c’était une publicité Lacoste. Pour tout dire, on conditionne les individus à se conformer, non à ce qu’ils sont en vérité, mais à un rôle tout fait, un modèle sur lequel ils doivent prendre exemple, dont ils doivent adopter les attitudes. Mais qu'est-ce qu'ils « sont en vérité » ?

 

 

Un schéma sexuel organise l’éducation du garçon, et lui impose de devenir quelque chose de masculin. Même chose en féminin pour les filles. Il y a du stéréotype dans la façon dont la société s’y prend pour fabriquer du masculin et du féminin. Moi, je dis : « Et alors, coco, qu’est-ce qui te chiffonne là-dedans ? ». « Deviens ce que tu es », finalement, c’est un drôle de mensonge. D’abord, à partir de quel moment peut-on dire de quelqu’un ce qu’il est ?

 

 

NICOLAS SARKOZY a bien essayé de lancer l’histoire de dépister les futurs délinquants avant trois ans, mais heureusement, cette offensive a fait long feu (enfin, pas tout à fait, aux denières nouvelles, puisqu'on en reparle pour l'école maternelle). En gros, si l’individu est en naissant ce qu’il sera, à quoi sert l’éducation ? C’est bien de l’argent et de la peine jetés par les fenêtres. Et si l’individu est façonné (y compris sexuellement) par son environnement, à quoi bon se faire du souci, puisque, si l’on voulait faire l’inventaire exhaustif du dit « environnement », il faudrait collecter, classer et interpréter quelques milliards de données. Bonne chance au « scientifique » !

 

 

Dans le dossier du Monde cité plus haut, la journaliste ANNE CHEMIN dresse un honnête historique de la théorie du « genre », donnant la parole aux thuriféraires et aux pourfendeurs de la notion, dans ce classique « essuie-glace » de la technique journalistique (un coup à droite, un coup à gauche, et moi journaliste au milieu).

 

 

Le drôle de son article est dans les deux dernières phrases : « Le genre masculin n’est pas neutre. On ne naît pas homme, on le devient ». Ces paroles d’une force à défoncer la porte ouverte sont dites par la sociologue MARGARET MARUANI. Finalement, c’est ce qui me semble le plus drôle dans la controverse : la stupéfiante naïveté feinte de ces gens qui découvrent que le rond n’est pas carré, et inversement.

 

 

Quant à la papesse de ce mouvement, JUDITH BUTLER, son propos s’adorne de considérations plus fleuries les unes que les autres. Elle répond à la question de FREDERIC JOIGNOT : « Voulez-vous dire que la France est en retard dans les études sur le genre ? – Oui, notamment à l’université. » J’ai publié ici une note le 27 mai pour dire tout le mal que je pense de cette sorte de « retard » : en « retard » sur qui ? Le Malawi, les îles Kiribati ? Indirectement, c’est une idée raciste à l’égard de ces sociétés « arriérées », où règne un obsolète « ordre patriarcal ».

 

 

« Ce qui gêne, c’est de dire que l’homosexualité n’est pas une anomalie, (…) », sauf que, ne serait-ce que statistiquement, ça reste une anomalie. « La question est donc de savoir si nous sommes plus attachés à classer et à définir les normes qu’à comprendre la complexité de la sexualité humaine », à ceci près que la norme, c’est comme la langue : elle transcende, elle n’appartient à aucun individu ou groupe de pression en particulier, elle s’impose d’au-dessus.

 

 

Ce qu’elle confirme plus loin : «  De l’autre, nous sommes ligotés par des normes et des obligations que nous n’avons pas choisies ». Bien sûr, que nous ne les avons pas choisies : une norme qui serait l’objet d’un choix est une magnifique contradiction dans les termes. Imaginons cela : chaque individu, en toute indépendance, se donne à lui-même les normes auxquelles il se conformera. Ce serait drôle, d'ailleurs, un supermarché dont les rayons seraient remplis de milliards de normes : on viendrait avec son caddie, on choisirait ses normes, avec leur qualité, leur prix, leur couleur, leur goût. Ce serait le bonheur, comme dans la chanson de CLAUDE FRANÇOIS. J’y vois déjà se profiler la silhouette d’un monde merveilleux, bienheureux.

 

 

Allons, calme-toi, et bienvenue dans le CHAOS.

 

 

dimanche, 10 juillet 2011

QUI VEUT LA PAIX AU PROCHE-ORIENT ?

Israël est-il un Etat juste ? Pour moi, la question se pose, et en dehors du fanatisme d’Ahmadinejad, du Hamas ou du Hezbollah qui en sont les ennemis, voire qui appellent à sa destruction. Tous ceux qui soufflent sur les braises de la haine sont des fauteurs de crime. J’inclus évidemment tous les organes de presse qui reprennent les vieilles  thèses de Robert Faurisson (par ailleurs auteur, quand il était un universitaire français, d’un ridicule Rabelais, ou c’était pour rire) ou de Roger Garaudy.

 

Toute prétention à nier l’extermination est d’une bêtise tellement aveugle qu’elle n’a même pas besoin d’être réfutée. Cela dit, la commémoration de cette grande tragédie prendrait une valeur plus juste et surtout plus universelle si elle faisait une place aux tsiganes, qui me semblent un peu oubliés, ainsi qu’à d’autres « catégories » de la population européenne.

 

Pour autant, est-il normal de traiter d’antisémites des gens comme Pascal Boniface ou Edgar Morin ? Ou pire encore le juif franco-allemand Alfred Grosser ? Le premier a publié en 2003 Est-il permis de critiquer Israël ?. Le troisième avait rendu compte du livre en répondant par l’affirmative. Le deuxième s’était quant à lui ému en 2004 ou 2005 du sort injuste fait au peuple palestinien (au nom de la « sécurité » d’Israël). 
 

Quelles volées de bois vert ils se sont prises sur le dos ! Y compris au tribunal ! Alors qu’il s’agissait de critiques d’ordre politique, portant sur le comportement d’un Etat politique !
 

Parlons de la France. Je cite Dominique Vidal : « Le C.R.I.F., sous sa direction [il parle du président, M. Prasquier], s’est mué en ambassade bis d’Israël. De surcroît, dirigé exclusivement par des hommes de droite, peut-il simultanément se présenter en porte-parole du judaïsme français dans son ensemble ? Parisiens ou provinciaux, ashkénazes ou séfarades, laïques ou religieux, partisans de la neutralité républicaine ou admirateurs du modèle communautaire américain, la « communauté juive » française n’a rien de monolithique. Or la direction du CRIF n’en reflète plus le pluralisme social, confessionnel, géographique, politique, etc. ».

 

Je résume : en France, les hommes qui ne veulent pas qu’on touche à Israël sont au pouvoir des groupes de pression. Ce sont uniquement des gens d'une droite musclée. L’association ne représente plus qu’elle-même.

 

Car le CRIF, c’est le Conseil Représentatif des Institutions juives de France. Est-il « représentatif » ? Vidal ajoute que « la "communauté juive organisée" au sein du CRIF ne rassemble qu’un dixième environ de la "communauté juive" tout court ». Cela en dit long sur la crispation identitaire qui s’est opérée. Sur l’ « ultrasensibilité » dont parle Alfred Grosser dans le texte qui lui fut reproché.
 

Je ne suis pas sûr que le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), voulu et mis en place par Nicolas Sarkozy, alors Sinistre de l’Intérieur, soit plus « représentatif » de je ne sais quelle « communauté musulmane ». J’ai du mal à comprendre les visées de ceux qui veulent « organiser » une NATION en « communautés ». Ou plutôt, je les pressens trop bien.

Une « communauté » n’est rien de plus qu’un groupe de pression parmi d’autres, qui cherche à influer sur les décisions publiques, et qui n'y arrive que par ce que les trotzkistes appelaient l' "entrisme", et par son pouvoir de nuisance. Autrement dit : les contacts de ses militants dans les médias. C'est ce qu'on appelle aussi une « minorité », vous savez, ces groupes qui "luttent" pour faire reconnaître leur "droit" à "l'égalité". Dans les médias, ça s'appelle même les "minorités visibles" : on ne voit pas assez de gens de couleur à la télévision, par exemple.

mercredi, 06 juillet 2011

VICTIME : UN METIER D'AVENIR !

SUITE ET FIN

 

Maintenant la notion de victime. Le grand René Girard en a beaucoup parlé. Il en a même fait le centre (ou le point de départ) de sa théorie. Il a commencé dans Mensonge romantique et vérité romanesque, continué dans La Violence et le sacré. Après, je l’ai abandonné. A partir de Des Choses cachées depuis la fondation du monde. Je dirai pourquoi.

 

Pour faire clair et court, dans tous les groupes humains, chacun ne désire qu’un objet déjà désigné comme désirable par un autre. C’est la notion de « désir mimétique ». Dès lors, s’ensuit une rivalité mimétique du désir. Cette rivalité se répand de proche en proche, par  « contagion », jusqu’à entraîner une « violence mimétique », qui augmente jusqu’à produire la « crise sacrificielle » : le groupe éprouve la nécessité de purger cette violence pour ne pas s’y autodétruire. C’est là qu’intervient la « victime émissaire », qui était de toute façon désignée pour ce moment. Par exemple un « bouc émissaire » chez les juifs de l’antiquité. On procède alors au rite du sacrifice, dans les formes, et la paix est alors restaurée, jusqu’à la prochaine fois.

 

Vous savez l’essentiel. J’avoue avoir été impressionné par ce livre, lu en 1977. Mais il m’a aussi « gonflé ». Girard est lui-même tellement impressionné par sa construction qu’elle devient la clé totale, qui ouvre toues les portes du mystère humain. Le dernier livre de lui (voir ci-dessus) que j’ai lu est une apologie du christianisme : il y soutient que la crucifixion de Jésus Christ est le premier sacrifice qui a échoué à restaurer la paix dans le groupe, les sacrificateurs se rendant compte que la « victime émissaire » n’était pas « émissaire », justement, mais innocente. Dès ce moment, l’humanité entre dans une ère nouvelle, promise au « salut ». Girard était mûr pour devenir professeur dans une université américaine. C’est évidemment ce qu’il a fait. Mais de tout ça, je retiens principalement que la victime, pour René Girard, a un statut d'une grande noblesse et dignité, et remplit une véritable fonction.

 

Car tout ça fait très intello. Redescendons un peu, et même beaucoup, à la hauteur des minuscules Sarkozy et Dati, qui n’ont aucune idée de ce qui précède, puisque l’œil fixé sur la seule prochaine échéance électorale. C’est net, pour brosser comme il faut le chien électoral, il est bon d’instrumentaliser la victime. C’est un « créneau porteur », comme on dit dans le marketing.

 

Parce que, quelque part, si personne ne se conçoit a priori comme un bourreau, tout le monde, quelque part, se sent un peu victime. « Quelque part au niveau du vrai cul. – Tu l’as dit bouffi ! » Cela crée une solidarité dans le malheur quotidien. Avec  Madame Michu, la voisine, ça fait un vrai sujet de conversation. Bon, c’est vrai que ce n’est pas le salon de Madame du Deffand. Mais la tendance est là : « C’est pas une vie la vie qu’on vit. – A qui le dites-vous, ma pauv’dame ! ».

 

Il y a, dans toute foule, une forme de solidarité spontanée avec la victime. Elle est prompte à crier « à mort ». Elle s’identifie facilement à la victime. A entendre les propos de taverne (ou « brèves de comptoir »), elle endosserait volontiers l’uniforme du bourreau.

 

C’est d’ailleurs pour ça que, dans les grands débats de société, il est souvent très pratique d’endosser l’uniforme de la victime. Pour jouer sur ce réflexe de solidarité spontanée. Présenter comme une grave injustice l’interdiction faite aux homosexuels de se marier en tant qu’homosexuels, cela permet de se poser en victime, et c’est très pratique.

 

Présenter l’Etat d’Israël comme victime de racisme et d’antisémitisme quand on le critique politiquement, c’est très pratique (voir, il n’y a pas si longtemps, le cas d’Edgar Morin). Présenter toute plaisanterie sur les femmes, les homosexuels ou les handicapés comme une atteinte  insupportable aux droits de ces personnes, elles-mêmes présentées comme des victimes (sexisme, homophobie et tout ça), c’est aussi très pratique.

 

Et pourquoi est-ce très pratique de se poser en victime, demandera-t-on ? La raison est très simple à comprendre : parce que ça autorise la victime à demander réparation. Ben oui, aujourd’hui, si vous racontez en public une blague, même mauvaise, sur les femmes, les juifs, les Arabes, vous allez voir tous les rapaces et les hyènes de toutes les « associations de victimes » se jeter sur vous pour se partager votre cadavre. C’est une image.

 

Ces associations se nomment LICRA, FIDH, Osez le féminisme, Les chiennes de garde, la fédération « LGBT », etc. Et elles se jettent sur vous par tribunal interposé. Elles portent plainte. Parce qu’on a fait les lois que toutes ces « victimes » réclamaient depuis longtemps, et qui leur permettent de se porter partie civile. Le moindre pet de travers ne doit pas rester impuni. Le glaive de la justice doit frapper.

 

On demande (on obtient) réparation du préjudice subi. Ici, ce sera une affiche de publicité « portant atteinte à la dignité des femmes ». Là, ce sera un propos montrant une intolérable intolérance à l’encontre des juifs, des Arabes, des homosexuels (rayer la mention inutile en fonction du cas rencontré). Tout cela doit être assimilé à de la délinquance. Le coupable doit payer.

 

L’irremplaçable Philippe Muray dénonce très souvent ce qu’il appelle « l’envie de pénal ». J’appellerais cela une tendance à la « pénalophilie ». Des juristes très sérieux s’inquiètent même de la dérive que cette omniprésence des « victimes » potentielles fait planer à court terme sur ce que les journalistes et politiciens appellent vilainement « le » vivre ensemble. Cela s’appelle « judiciarisation » de la vie en société. Bon, en France, les avocats ne sont pas encore, comme c’est le cas aux Etats-Unis, à faire du porte-à-porte pour s’enquérir des « préjudices » dont vous avez été « victime ». Mais la tendance est là. 

 

Allez ! Foin de pessimisme ! En route vers le « meilleur des mondes ».

mardi, 05 juillet 2011

VICTIME : UN METIER D'AVENIR !

« Le premier des droits de l’homme, c’est le droit des victimes ». Voilà : c’est carrément du lourd. On prend le boulet en pleine gueule ! Et apparemment, ELLE était à jeun quand elle a proféré l’énormité ci-dessus. ELLE était « à jeun » et « en fonctions » qui plus est. Qu’on se le dise, « Liberté », « Egalité », « Fraternité », c’est de la foutaise. Soyons modernes, que diable ! Désormais c’est : « Priorité aux victimes ! ». Mais on peut être « à jeun », « en fonctions » et complètement frapadingue en même temps.

 

 

ELLE ? Si vous suivez ce blog, reportez-vous à ma note du 3 mai dernier   intitulée SAINTE RACHIDA SCHOLASTIQUE. Oui, c’est bien elle, RACHIDA DATI en personne. Celle de quelques lapsus mémorables. Et quand elle a prononcé la phrase citée ci-dessus, elle était « sinistre de la justice », elle-même sinistrée par ses soins. Vous me direz qu’en prenant ostensiblement parti pour les victimes, elle n’a fait que suivre la voie tracée par NICOLAS SARKOZY lorsqu’il était « sinistre de l’Intérieur ».

 

 

Bon, victime, je n’aime vraiment pas, mais alors pas du tout. Je sais par exemple et par expérience ce qu’on ressent quand la maison est cambriolée, vidée de tout un tas de choses qui, à force de constituer le décor quotidien, sans même parler de leur valeur, finissent par constituer une partie des personnes qui habitent là, et pour qui c’est aussi violent qu’une amputation. Pour les autres façons d’être victime, je ne peux qu’imaginer.

 

 

La loi française fait d’ailleurs une place à la victime. Cette place s’appelle « partie civile ». Et la partie civile peut être représentée au procès, quand il a lieu, bien sûr, c’est-à-dire quand l’auteur présumé des faits a été retrouvé et qu’il comparaît. Et si les faits ne peuvent évidemment pas être effacés sur l’ardoise, la victime, tout en restant victime, peut demander réparation du tort causé.

 

 

Mais alors, puisque la loi définit le statut de la victime et prévoit le dédommagement, la question qui me vient est : « Pourquoi NICOLAS SARKOZY fait-il du bruit autour du mot ? ». La réponse est trop facile : parce que, pour être élu, il faut attirer le plus grand nombre, et que le plus grand nombre ne sait pas trop ce qu’il y a déjà dans la loi. Cela porte un nom vieux comme la démocratie : démagogie. Il s’agit de flatter. Donc de caresser dans le bon sens le pelage du bon chien qui va bientôt voter.

 

 

Alors, pourquoi RACHIDA DATI, maintenant ? Disons que, à part le fait qu’elle a des talonnettes A LA FOIS aux chaussures et à la mâchoire supérieure, rien ne la différencie du patron. C’est « copie conforme ».

 

 

Réponse au prochain numéro.

 

 

 

lundi, 27 juin 2011

PROFESSION MENTEUR (4)

EMMANUEL TODD qui, à ma connaissance, n’a pas dit beaucoup de conneries, déplorait il y a quelque temps l’extrême médiocrité des personnels politiques occidentaux en général, et français en particulier. Par exemple, au moment de la crise des « subprimes » en 2008, les éditorialistes, ces KLAXONS enchaînés à l’actualité, ont claironné au grand retour du politique, à la reprise en main de l’économique par le politique, et je ne sais quelle autre fadaise. On allait voir ce qu'on allait voir, scrogneugneu !!!

 

 

Eh bien trois ans après, on voit : les financiers en train de finir de racler la Grèce jusqu’à l’os, les politiciens grecs passant sous leurs fourches caudines, et tous les politiciens européens courant pour monter dans la remorque tirée par le char des actuels maîtres du monde, j’ai nommé les MARCHÉS. La vérité sur les politiciens, en plus de leur médiocrité, c’est que ce sont dorénavant des IMPUISSANTS.

 

 

Tous les discours masquant cette vérité sont des MENSONGES. Or, aucun politicard qui aspire au pouvoir (pléonasme) ne déclare qu'il sera complètement ligoté et qu'il ne pourra pas agir, parce que les obstacles sont infranchissables. S'il espère être élu, il a tout intérêt à FAIRE CROIRE qu'il fera quelque chose. Et ce ne sont pas les incantations à coups de « il faut » qui y changeront un iota.

 

 

NICOLAS SARKOZY a beau jouer les fiers-à-bras en promettant d’aller « avec les dents » chercher le 1 % de croissance qui manque, on voit bien que la réalité n’est pas docile. « Un président qui en a et qui s’en sert », se vantait-il de façon tellement raffinée au moment de ses affaires conjugales et de sa « love story » avec CARLA. A l’arrivée, ça donne quoi, le fier-à-bras ?

 

 

Dans ces conditions, je ne comprends pas que la politique puisse être considérée comme un METIER, et même faire  l’objet de PLANS DE CARRIERE (dont la trajectoire de NICOLAS SARKOZY est l’exemple archétypal et la caricature), exactement comme les premiers de la classe qui font prépa, puis X-Mines-Ponts-HEC. Il y a en particulier quelque chose de proprement FEODAL dans l’établissement de DYNASTIES de politiciens.

 

 

Il faut savoir : si la politique est un METIER et que l’action politique repose sur la notion de compétence professionnelle, il n’y a plus de CITOYENS. Si la politique est un métier, il ne faut plus d'élections, mais un recrutement d'individus repérés par un bureau de chasseurs de têtes et par un directeur des ressources humaines. Si la politique est un métier, ceux qui parlent encore de démocratie au prétexte que des scrutins sont régulièrement organisés, eh bien ils MENTENT, c'est aussi simple que ça.

 

 

Ben oui quoi, être citoyen, ce n’est pas, tous les cinq ou six ans, « choisir ses représentants », et puis fermer sa gueule jusqu’à la prochaine élection. Il n'y a qu'à voir la façon dont les gouvernants s'assoient sans vergogne sur les protestations de rue ("ce n'est pas la rue qui gouverne") en prenant argument de leur (non, ne rions pas) "légitimité démocratique".

 

 

Etre citoyen, si le mot a encore un sens, c’est, d’abord et avant tout, être un acteur à part entière dans la vie de la cité (je rêve, je sais). Et ce n’est pas votre présence aux réunions d’un « comité de quartier » qui va vous rendre acteur : on discute du jour de ramassage des poubelles vertes (l’inénarrable « tri sélectif »), et autres sujets aussi graves. Tout juste les politicards consentent-ils à vous laisser ce strapontin au bout de la rangée.

 

 

Tant qu’il s’agit de serrer des mains pour draguer les suffrages, ça va. Mais c’est comme au restaurant : on n’entre pas facilement dans la cuisine. Il faut montrer patte blanche, je veux dire signer une acceptation de tous les codes, obligations et devoirs qu’on reconnaît avoir envers le « mentor » auquel on a choisi de prêter allégeance, en espérant que ce soit le cheval gagnant. Et jurer de ne jamais cracher dans la soupe. Et jurer de respecter la loi de l’OMERTA (exemple JUPPÉ payant pour CHIRAC).

 

 

Si la politique est un METIER, la population doit, et c’est ce qu’elle fait de plus en plus, refuser mettre son nez (son bulletin de vote) dans les affaires (l’urne) de l’entreprise, et laisser faire les « professionnels ». Mais en fait, il est faux de prétendre qu’on demande à un politicien d’être compétent comme un professionnel : ça c’est le rôle, précisément, des professionnels (personnels techniques,  administratifs, juridiques, etc.). On demande (enfin, on devrait demander) au politicien, une fois éclairé par les professionnels compétents, de PRENDRE LA BONNE DECISION. Point. Ce n’est pas un problème de compétence, mais de « vision », de « choix ».

 

 

Autrement dit, la population doit cesser de croire à ce MENSONGE : « C’est trop compliqué pour vous, laissez faire ceux qui savent. Faites-nous confiance ». Justement : NON. Aucune confiance.

 

 

Mais le meilleur moyen de réhabiliter la politique, aujourd’hui tombée dans un état de délabrement tellement écoeurant que c’en est écoeurant, le meilleur moyen de m’inciter à voter à nouveau : QUE LES ELUS SOIENT TIRES AU SORT. Les modalités seraient bien sûr à préciser : on ne peut guère imaginer 40.000.000 de candidats en France, c’est techniquement infaisable. Il faudrait creuser.

 

 

Mais je pose la question : « Pourquoi pas le TIRAGE AU SORT pour la désignation de nos élus ? » Après tout, c’est bien le mode de désignation (tempéré) des citoyens qui deviennent juges le temps d’une session de Cour d’Assises. Pourquoi ce qui est obligatoire dans un cas (on ne peut se soustraire à son devoir de juré) resterait-il totalement impensable et interdit dans l’autre ?

 

 

« Voilà, maintenant j’ai posé mes conditions. J’attends. – Ben tu peux attendre longtemps, gros malin. – Je sais. »

 

 

vendredi, 24 juin 2011

PROFESSION MENTEUR (2)

L’expression « langue de bois » avait sans doute trop servi : est-elle devenue obsolète pour autant ? La langue de bois, on sait, c'est la leçon que le politicard vient réciter plus ou moins bien, et débiter avec un air de conviction plus ou moins vraisemblable devant micros et caméras. En général, c'est très bien rodé. La langue de bois, c'est le mensonge-à-tout-faire, le mensonge-prêt-à-l'emploi, la leçon permanente de mensonge.

 

 

 La différence, c’est qu’elle ne dépend pas des circonstances,  forcément variables : tout politicien est conditionné, il l'a apprise par coeur, longuement, et il est prêt à la dégainer dès que se présente un micro ou une caméra. Il faut reconnaître d’ailleurs que certains sont passés maîtres dans l’art de la manier. Quand tu as pris ta carte du parti, que tu as vaillamment gravi les échelons pour arriver à une position « en vue » (au fait, comment elle a fait RACHIDA DATI ?), il convient que tu prennes conscience de tes devoirs, et surtout des restrictions qui vont avec.

 

 

C’est le vieux principe énoncé par HENRI LABORIT dans Eloge de la fuite : la hauteur de la position que tu conquiers t’est accordée en échange de l’adhésion à la structure qui te la confère, et de la force de légitimation que tu lui donnes. En clair : plus tu donnes de légitimité au parti (en démontrant tes aptitudes et compétences), plus le parti te le rendra en reconnaissance sociale. Et plus tu seras puissant (par exemple chef de « courant » au Parti Socialiste). Et plus ta bouche devra être close sur tout ce qui est à « ne pas dire ».

 

 

C’est pourquoi il faut cesser de voter. Je suis désormais un abstentionniste militant. J’ai personnellement cessé de voter après 2005 : vous vous rappelez ? Ce pavé que certains essayaient de vendre sous le nom de « traité constitutionnel » pour l’Europe. Je regrette même d’avoir cru que ça servirait à quelque chose, de voter « non ». Naïf, je me baladais même avec, épinglé à mon revers, le petit rectangle de plastique rouge frappé d’un très joli « non » au-dessous du sigle d’ATTAC. J’ai donc voté. Je m'en veux. Je n’avais pas encore compris. Enfin, je voulais encore y croire.

 

 

Car, quand NICOLAS SARKOZY a été élu, j’ai vu que j’avais eu tort. On n'a surtout pas demandé aux Français de revoter : le traité a été adopté entre gens « responsables », qui ont encore le culot de s’appeler les « représentants du peuple ». Les Hollandais ont revoté, et dans le « bon » sens, cette fois. Les Irlandais ont aussi revoté, me semble-t-il. Et tous ceux qui avaient dit « merde » à cette Europe-là l’ont eu dans le cul. Excusez-moi, je me laisse aller. En Italie aussi, les députés viennent de voter la confiance à BERLUSCONI, au mépris des deux condamnations populaires dont il vient d’être l’objet dans les urnes.

 

 

Le sinistre individu N. S. dont je viens de parler a fait campagne, en 2007, sur le thème « Je ne vous mentirai pas ; je ne vous trahirai pas ». Quand il a prononcé la première phrase, il avait déjà enfreint sa promesse. On a vu, là encore. Tant qu’il restera un bout de mur debout de ce qui s’appela naguère « la France », ce monsieur continuera infatigablement à conduire son TRACTOPELLE, qu’il ose appeler « REFORME », pour tout abattre et araser. Il ne restera rien de ce que quelques nostalgiques appellent « service public » (santé, éducation, justice, etc.). Et il ose, en plus, prétendre que ce n’est pas une trahison.

 

 

Quand je regarde vers la gauche, qu’est-ce que je vois ? Le dernier en date qui fut aux « responsabilités », comme on dit, était LIONEL JOSPIN. Ce triste sire, en cinq ans de « responsabilités », a davantage privatisé que ses prédécesseurs ALAIN JUPPÉ et EDOUARD BALLADUR réunis ! Si ce n’est pas trahir, cela ! Mais il a suivi l’exemple de FRANÇOIS MITTERRAND. Ce n’est pas une excuse pour autant.

 

 

Je ne parle pas de mademoiselle LE PEN, que je refuse d'appeler par son prénom, produit incompétent d’un marketing politique échevelé. Je ne parle pas du parti des marionnettes écologistes, qui va sans doute donner à l’invraisemblable NICOLAS HULOT le titre de « candidat vert » (comme mensonge, difficile de faire mieux). Je ne parle pas de JEAN-LUC MELANCHON, qui est enfin parvenu à ratiboiser ce qui restait du moignon du Parti Communiste. Je ne parle pas des divers trotzko-trotzkistes dont on voit encore de loin en loin éclater les bulles de gaz intestinaux à la surface du marigot médiatique.

 

 

Tous ces petits poissons bavards (un comble !) savent bien qu’ils ne seront jamais aux « responsabilités ». La raison pour laquelle ils bataillent, ce sont les « postes » qu’ils pourraient décrocher après avoir négocié avec les puissants la cession de leurs « parts de marché », je veux dire leur « score » aux élections. Ils ne sont certainement pas en train de combattre pour la réalisation de leurs idéaux. Chacun est dans sa cuisine à réchauffer son plat principal, les entrées et desserts étant sujets aux « variations saisonnières ». Et puis à essayer de caser sa marchandise sur le marché.

 

 A suivre. Il y a encore quelques comptes à régler.

jeudi, 26 mai 2011

L'IMPOSTURE ECONOMISTE

Dans le zoo fou qu’est devenue la planète, l’économiste occupe une pace de choix. Que dis-je : l'animal tient le haut du pavé du centre de l'échiquier. Comme ils disent eux-mêmes, ils sont « incontournables ». Ce sont, disent-ils, des « spécialistes ». Leur spécialité, c’est l’économie. Une « science », paraît-il. Drôle de science quand même. La science, on sait ce que c’est, le Grand Robert le dit : « connaissance exacte et approfondie ». « Exacte » ? Alors l’économie N’EST PAS UNE SCIENCE. Qu’il y ait des invariants, c’est certain : plus on fabrique de la monnaie, plus les prix augmentent ; quand on détient un monopole, on s’enrichit plus que quand la vraie concurrence fait rage ; etc. J'ai quelques notions quand même, faut pas croire. Mais un des caractères infaillibles qui définit une science, c’est qu’elle est capable de PREDIRE les phénomènes (si tu es à 0 mètre, et si tu mets de l'eau sur du feu, elle bouillira à cent degrés Celsius, par exemple).

 

Ça crève donc les yeux : l’économie n’est considérée comme une science que par un abus de langage, un mensonge soigneusement entretenu par la corporation des économistes. Drôle de corporation, à vrai dire. Il se trouve que j’écoute de temps en temps l’émission du samedi matin à 8 heures sur France Culture, intitulée « L’Economie en questions ». Ils sont quatre ou cinq, ils sont appelés des « experts », ils discutent de deux sujets principaux. Et s’il y a un invariant, il est ici. Pendant une quarantaine de minutes, ces « experts », tous très savants, c’est certain, débattent. Oui, parfaitement : il DEBATTENT. C'est précisément là qu'est l'os. ILS DEBATTENT. Suivant les sujets, il leur arrive même de s’engueuler. Voilà l’abus de langage : ces « experts » dans la « science économique », ils sont rarement d’accord, d’une part sur l’analyse à faire d’un phénomène, d’autre part sur les solutions à apporter aux problèmes et les perspectives. Si c'était une science, il n'y aurait pas de débats aussi vifs (et ce ne sont pas les vitupérations du bibendum plein de suffisance arrogante CLAUDE ALLEGRE qui peuvent me convaincre du contraire). Ecoutez un peu, un jour où vous n'avez rien de mieux à faire, ça devient toujours assez drôle, quand ce n’est pas franchement burlesque, quand ces grands spécialistes attaquent la partie « IL FAUT » du débat.

 

NOURIEL ROUBINI, cet économiste américain d’origine iranienne, s’est terriblement singularisé, début 2008, en prédisant la catastrophe des prêts hypothécaires aux Etats-Unis (« subprimes »). Tous ses collègues l'appelaient Cassandre : à présent, c'est plus un Cassandre, c'est un grand savant. Combien sont-ils dans le monde ? En France, on connaît maintenant PAUL JORION (l’homme au blog), qui avait aussi prévu la crise de 2008. Il prédisait hier la désintégration de l’Europe. Faut-il espérer qu’il se trompe ? De tels économistes, il doit y en avoir quelques autres dans le monde. Mais ils sont l’exception : dans l’ensemble, la profession se trompe régulièrement, incapable de seulement anticiper les événements. Or la profession, ce sont les « experts », et les « experts », ils sont où ? Ils enseignent l’économie, pardi. Ils forment de futurs économistes. Certains deviendront profs à leur tour, et la boucle est bouclée. C’est comme le poisson rouge dans son bocal : il tourne en rond. On serait dans les biotechnologies, on appellerait ça le « clonage ». On n’est pas près d’en sortir.

 

Je ne m’attarderai pas sur la folie furieuse de l’économie financière, sur la dictature des marchés et des « agences de notation », sur la récente et la peut-être future catastrophe. Je ne suis pas « expert », moi. Je me contente de regarder (et de subir, comme tout un chacun) la voracité de ce tout petit monde qui fait la loi au reste du monde. Je m’intéresse quand même à son fonctionnement, après tout, je suis concerné. J’ai donc mon mot à dire. Des gens plus qualifiés s’y intéressent aussi. ALBERT JACQUARD : J’Accuse l’économie triomphante ; VIVIANE FORRESTER : L’Horreur économique ; EMMANUEL TODD : Illusion économique ; et j’ajoute, pour faire bonne mesure, l’économiste JOHN KENNETH GALBRAITH : Les Mensonges de l’économie. Il n’a pas été Prix Nobel d’économie, celui-là ? Sauf qu’en fait de Prix Nobel (c’est-à-dire ceux fondés par ALFRED NOBEL en personne), il y en a CINQ et pas un de plus : médecine, chimie, physique, paix, littérature. Prix Nobel d’économie : inconnu au bataillon ! Oui, il existe un Prix d’économie, décerné (depuis 1968 ?), par la Banque de Suède, que les journalistes traduisent (faut-il qu’ils soient paresseux !) Prix Nobel. Là encore, donc, un simple ABUS DE LANGAGE. L'économie est bourrée d'abus de langage.

 

Bref, les quatre auteurs ci-dessus (dont un Prix « Nobel » donc) s’en prennent à l’économie en tant que telle. Todd, par exemple, parle en 1998 du « projet d’une impossible monnaie européenne » (c’est moi qui souligne). Lui aussi, il croit que l'Europe va se désintégrer ? Peut-on parler d’économie quand on n’est pas un « expert » ? La réponse est définitivement OUI ! C’est comme en psychanalyse, où vous avez JACQUES LACAN d’un côté, et de l’autre des gens comme DIDIER ANZIEU. L’un jargonne à qui mieux-mieux, et ça intimide, et ça impressionne les gogos. L’autre explique des choses complexes dans une langue claire qui cherche avant tout à être comprise. La plupart des économistes jargonnent, avec l’intention bien arrêtée de maintenir le profane hors du cercle des initiés. Mais tous ces gens, finalement, n’ont aucune certitude, mais aussi aucun compte à rendre (mais quel responsable, aujourd’hui a des comptes à rendre ?). Ils peuvent, crise après crise, continuer à SE TROMPER (soyons indulgents : en CHANGEANT D'ERREUR à chaque fois, en adoptant une erreur différente, parce que nous, on a oublié la précédente, et c'est bien, parce  que, comme ça, tout le monde croit ce qu'ils disent A PRESENT) dans les mêmes médias : voyez le petit ALAIN MINC qui, en tant que « consultant » (ça veut dire « expert » je suppose) grassement rétribué, continue à « conseiller » les puissants.

 

Moi, ce que je comprends, dans les diverses (et opposées) théories économiques, c’est que le fait même qu’il y ait des théories économiques est en soi une IMPOSTURE. (Je ne reviens pas sur celle que constitue le mot « science ».) Parlons de DOCTRINE, ce sera plus honnête. Le mot « théorie » est fait pour impressionner, rien de plus. En fait, ce que ne disent pas les « experts », c’est que dans leurs « théories », il y a moins d’ ECONOMIE que de POLITIQUE. Les fantoches « politiques » (vous direz que j’abuse des guillemets, mais il les faut) qui défilent sur les écrans et dans les journaux sont précisément cela : des FANTOCHES. Ils nous font croire qu’ils font de la politique, alors que la politique, elle se fait aux derniers étages des GOLDMAN SACHS et autres multinationales, elle se fait dans ces merveilleux endroits répartis sur toute la planète, monde sur lequel l’argent ne se couche jamais (bien content de ma formule). On appelle ça les « bourses » (c’est cruel pour les mâles, mais il est vrai qu’une bourse, ça se remplit et ça se vide : pardon. Il y a bien dans ma belle ville une rue Vide-bourse !).

 

Sarkozy et ses complices du G 8 font semblant d’être des acteurs, d’avoir du pouvoir, pire : ils nous font croire qu’ils savent ce qu’il font, et qu’ils feront ce qu’ils disent. En réalité, ils courent derrière, en essayant de nous convaincre que « la politique a repris le dessus », et qu’ils sont les meneurs de cet Amoco Cadiz. C’est à cette tâche constante (marteler, bourrer le crâne) que se consacre l’industrie télévisuelle et une bonne part de la presse papier (presse-papier ?). Quand, le soir même de son élection, NICOLAS SARKOZY va passer la soirée au désormais célèbre Fouquet’s, ce n’est pas parce qu’il est ami de quelques milliardaires. Il n’est pas le chef, ce soir-là : il est le LARBIN. Les gars autour de la table, disent : « C’est bien que tu sois élu. Maintenant, tu vas pouvoir faire NOTRE POLITIQUE ». Dites-moi si je me trompe : est-ce que ce n’est pas comme ça que ça s’est passé effectivement ?

 

Allez : la vie est belle et c’est tant mieux (il faudra que je trouve une formule plus personnelle. « Et c’est ainsi qu’Allah est grand », par exemple. Ah mais je m’aperçois qu’ALEXANDRE VIALATTE me l’a ôtée de la bouche, il y a déjà quelques décennies).

mercredi, 25 mai 2011

MANIFESTE DES ALEXIPHARMAQUES

Il intrigue, n’est-ce pas, l’intitulé de ce blog. J’imagine que, parmi les quelques lecteurs qui visitent ce blog, ils sont quelques aussi à se demander ce que peut bien vouloir dire « alexipharmaque ». Qu’est-ce que c’est, ce snob qui joue à l’érudit ? Eh bien, je le dis avec franchise, avec force, et même, disons-le, avec conviction : la question est légitime. Pour y répondre, permettez-moi de faire un peu d’archéologie et d’étymologie.

 

D’abord un peu d’archéologie : le 30 mars 2011, j’ai publié ici même une courte note, agrémentée de quelques photos (il y avait quelques monuments aux morts d’après la guerre de 1914-1918, quelques couvertures d’albums de bandes dessinées, et pour, en quelque sorte, servir de jambon-beurre entre ces deux tranches de pain sec, quelques Carla Bruni photographiée artistement dans le plus simple appareil. Les photos sont bien, la femme, je n’en sais rien.). Cette courte note renvoyait, en lui tressant des couronnes de laurier évidemment, au blog que j’avais inauguré en 2007, puis suspendu en 2008. 

 

Pourquoi l’avais-je alors intitulé « contrepoison », orthographié Kontrepwazon ? J’avoue que j’ai un peu oublié les raisons du choix à l’époque. Mais il y avait sûrement un germe d’esprit de contradiction, de contre-courant, de contre-offensive, de contre-ce que vous voulez. J’y parlais de divers sujets, après avoir commencé sur ce que j’avais appelé Monumorts (voir ci-dessus).

 

J’ignorais, avant d’ouvrir le présent blog, jusqu’à l’existence du mot « alexipharmaque ». Mais quand s’est profilée l’ouverture dudit présent blog, sur le même présent site, il m’a fallu lui donner une appellation. Comme je n’avais pas été mécontent de la précédente, mais comme je ne pouvais plus accéder à mon propre blog, ayant égaré les clés d’entrée, j’ai été obligé de fouiller dans la véritable malle au trésor que constitue le livre inépuisable d’ Henri Bertaud du Chazeau (Gallimard, collection Quarto, 1853 pages utiles). C’est un Dictionnaire de synonymes et mots de sens voisin.

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Dix-sept ans de loyaux services (ajouté le 13 mars 2020).

 

Vous voulez qu’on parle franchement ? Eh bien, je n’ai jamais vu mieux. Et je m’y connais, en dictionnaires. Le « nec plus ultra ». Alors vous allez voir à « contrepoison », et vous tombez sur le premier synonyme : Alexipharmaque. Vous avez maintenant la clé étymologique de la cuisine. « Alexis », celui qui protège. « Pharmaque », la substance qui empoisonne (un conseil : méfiez-vous du pharmacien).

 

Oui, me direz-vous, mais pourquoi « contrepoison » ? Là encore, cher lecteur bénévole, la question n’est rien d’autre que légitime. Et je tâche de répondre dare-dare à la question légitime. On va dire que ça fait du temps que je pratique ce vice qu’on appelle « impuni » : la lecture. Des livres, évidemment. Essentiellement. Mais aussi la presse : j’ai passé pas mal de temps et d’argent dans la lecture de toutes sortes de journaux et de revues diverses (j’ai collectionné les revues les plus bizarroïdes, comme l’improbable Géranonymo, le minuscule Surprise, et tant d’autres. Je me rappelle un fanzine, Nyarlathotep, un tout petit machin bricolé par Michallet, un camarade de fac qui avait donné un temps dans les thèses situationnistes, mais qui avait tout de même réussi à soutirer pour sa couverture, un dessin à un inconnu, qui s’appelait Giraud, célèbre aujourd’hui aussi sous les noms de Gir et de Moebius).

 

Le problème de la presse, des journaux, des revues, ce qu’on appelle « médias de masse », c’est que tout ça finit par donner de notre monde, le monde réel, une drôle d’image. A quoi s’est ajoutée, au fil du temps, une sale contamination du langage. Les Etats-Unis, entre autres virus, nous ont infectés avec celui qui atteint le monde entier : le virus épouvantable du politiquement correct. L’époque s’est convertie (je ne vois pas d’autre mot) à l’euphémisme (vous savez : « Côtes d’Armor » au lieu de « Côtes du Nord », « Alpes de Haute Provence » au lieu de « Basses Alpes », « non voyant » au lieu d’ « aveugle », et « personne à mobilité réduite » au lieu d’ « infirme »). Guy Bedos ajoute avec justesse « non comprenant » au lieu de « con ». Je crois que tout le monde connaît déjà « technicien de surface », « gardienne d’immeuble », « hôtesse de caisse »). J’arrête là. Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai du mal à supporter. Je renvoie, en passant, aux livres de Viktor Klemperer et Eric Hazan (voir ma note du 28 avril, sur LTI et LQR).

 

Tout le monde s’y est mis. Les journalistes, évidemment, comme ils sont les plus exposés aux poursuites pénales, ont été obligés de s’y mettre. Les hommes politiques n’ont pas tardé à emboîter le pas : ça ne vous irrite pas les gencives au plus haut point, quand Martine Aubry annonce qu’elle veut « répondre aux attentes légitimes des Françaises et des Français » ? Delanoë qui parle des « Parisiennes et des Parisiens » ? (Heureusement, il y a le lapsus politique (Rachida Dati, et tout dernièrement Nicolas Sarkozy en personne, à son "e-G8", où il a parlé des "internôtres".) C’est comme un catéchisme appris par cœur et tellement entré dans les neurones et dans l’air ambiant, et qui ressort comme ça, spontanément, comme un réflexe de Pavlov. Ce bréviaire dont on nous rebat les oreilles, et récité avec tant de sérieux par tous ceux qui s’expriment par écrit ou par oral dans les médias, ça finit par tisser une toile d’araignée, un filet qui se resserre sur les mouches qui s’y laissent prendre, je veux dire les lecteurs de journaux, les auditeurs de la radio, les spectateurs de la télévision.

 

Nous bouffons de la novlangue (1984 d’Orwell), nous sommes abreuvés jusqu’à plus soif de « politiquement correct ». Le présent blog se propose, bien modestement et entre autres sujets, de commenter, d’analyser quelques-uns des insupportables du vocabulaire ambiant, de la « pensée » ambiante (si tant est qu’il s’agisse encore de pensée), de la défaite ambiante de la pensée (j’emprunte au titre de Alain Finkielkraut). Tout ça se passait, aux Etats-Unis, sous l’influence de groupes qui ont fini par acquérir un pouvoir de nuisance, et qu’on appelle les minorités : les « personnes contrariées dans leur croissance verticale » (= les nains), la fabuleuse « minorité » (???) constituée par la moitié de la population (les femmes, tout le monde a compris), les « Africains-Américains » (il paraît que c’est comme ça qu’on dit pour « noirs »), les diverses « minorités sexuelles » (L. G. B. T. est un sigle qui s’est dorénavant imposé, aux premiers rangs desquels les « gays » (il ne faut plus dire « homosexuels », sous peine de …).

 

Et tout ce beau monde s’est mis à revendiquer ses « droits », à militer pour l’ « égalité », à lutter contre la domination du mâle, contre l’hégémonie du blanc (là, il faut dire qu’il y a quelques raisons), contre la dictature hétérosexuelle, etc. Coalisées, les minorités sont devenues une sorte de majorité. Leur lent travail de sape des libertés générales a fini par payer : le statut de victime (voir ma note précédente) s’est vu ériger une statue (la plus récente étant la nommée Nafissatou Diallo, qui n’est pas une victime de Dominique Strauss-Kahn, mais une plaignante, jusqu’au prononcé du jugement) ; les geôles les plus infâmes, les culs-de-basse-fosse les plus putrides, bientôt les bûchers, au moins médiatiques, sont promis aux êtres infernaux qui « portent atteinte aux droits des minorités », qui oseraient ironiser à propos des handicapés, qui auraient l’infernal culot de se rendre coupables de « sexisme », accusation bientôt confondue avec celle de « racisme » (on croit faire un cauchemar, mais c’est bien réel). Au nom du « respect des différences » et « de l’exigence de « tolérance », nous entrons dans une société de l’intolérance. Les accusateurs publics potentiels sont maintenant légion.

 

Un exemple gratiné : oser parler de « différence sexuelle » entre hommes et femmes, eh bien, c’est épouvantablement réactionnaire, c’est à remballer dans les catégories de l’humanité cavernicole. C’est une grave atteinte aux « droits des minorités ». Depuis la grande prêtresse Judith Butler  et la fondation des études sur le « genre », on a découvert que l’humanité, depuis l’aube des temps avait tout faux. Il faut que ça se sache : le sexe ne repose sur rien de biologique, le sexe est une « construction culturelle » élaborée dans l’unique but de réprimer « les désirs légitimes des Américaines et des Américains », « leur droit légitime au choix d'une orientation sexuelle», et à « l'interdiction de la discrimination à leur égard ». Au fait, comment elle s'appelle, la femme entendue hier sur France Culture qui parlait de « la participation des femmes au montages de la scène érotique » ? De « l'hétérosocialité ludique » (qui traduit sans doute une entreprise de séduction entre homme et femme) ?

 

Comprenons-nous bien : il est hors de question de revenir à quelque criminalisation que ce soit. Mais j'en suis venu à me demander si l'on n'assiste pas aujourd'hui à l'irruption d'un criminalisation à l'envers. Et cela se passe pour beaucoup dans le langage, avec d'un côté des prescriptions (vous devez utiliser tels mots et expressions), et d'un autre côté des proscriptions (il est interdit de dire ceci ou cela). En somme, le présent blog se propose de décrypter dans le langage (principalement médiatique) quelques stéréotypes qui se présentent aujourd’hui comme des vérités qui doivent absolument s’imposer, y compris à travers des LOIS interdisant l’emploi de certains mots (ces temps-ci, c'est au tour du « populisme»), de certaines expressions, et réprimant toute infraction, rétrécissant de jour en jour, avec le consentement ahurissant de la population, intimidée par tous les flics potentiels, l’espace de ce qui s’est appelé il n’y a pas si longtemps la liberté d'expression.

dimanche, 22 mai 2011

LES MOTS POLICIERS : PHOBIE

HARO SUR LES PHOBES !

Tout au long de ses Essais (Les Belles lettres, 2010), le grand Philippe Muray tape dès qu’il peut sur ceux qui tapent sur tous les « malades » atteints de diverses « phobies ». Il tape dessus pour une raison bien précise : les dénonciateurs de « phobies » font tout ce qu’ils peuvent pour que des lois interdisent d’être atteint de « phobies », et pour que des lois punissent impitoyablement toutes les manifestations publiques des « phobies » ainsi stigmatisées. Philippe Muray s’attaque ce faisant à la tendance de l’époque qui consiste à faire entrer toutes sortes de vides juridiques dans le Code pénal.

Il est vrai que c’est devenu une véritable manie : quand un fait divers tragique se produit, Nicolas Sarkozy sort sa loi, mais que l’absence de décrets d’application, ou tout simplement parce qu’elle est inapplicable, rend inapplicable. Un fait appelle une loi. Comme des faits, il s’en produit quelques milliards à chaque seconde, je ne sais pas si la distance de la Terre à la Lune suffirait pour calculer l’épaisseur du code pénal qu’il faudrait écrire pour la sécurité de la planète. La moitié de l’humanité serait alors chargée de commettre des faits (autrement dit de vivre). L’autre moitié serait composée de juristes, de juges, de procureurs et d’avocats. On appellerait ça la division du travail pénal.

Trêve de plaisanterie : par curiosité, je suis allé voir ce qui se trame derrière l’écran du mot « phobie ». Le détour est intéressant, et le spectacle est croquignolet. Si l’on s’en tient à la définition médicale, voici ce qu’on trouve dans le Dictionnaire de la psychanalyse d’Elisabeth Roudinesco : « Utilisé en psychiatrie comme substantif vers 1870, le terme désigne une névrose dont le symptôme central est la terreur continue et immotivée du sujet face à un être vivant, un objet ou une situation ne présentant en soi aucun danger ». Je retiens « névrose » et « terreur continue et immotivée ».

Un exemple ? J’ai connu une femme (Mme L.) qui souffrait de deux phobies véritables. Tout le monde connaît la claustrophobie, non ? Elle en souffrait à ce point que prendre l’ascenseur était pour elle, tout simplement, inenvisageable. Elle revenait donc du supermarché le coffre de la voiture plein, mettait tout dans l’ascenseur, appuyait sur le bouton et montait à pied. Bon, elle n'habitait qu'au troisième. Plus grave : elle m’a raconté qu’elle souffrait de « colombophobie », soit, en clair, la terreur des oiseaux. Un jour, elle traverse le pont Lafayette, au-dessus duquel passent et repassent les mouettes. L’une d’elles a le malheur de la frôler. Mme L. ne se souvient rigoureusement de rien, sinon que, lorsqu’elle a repris connaissance, elle était étendue au milieu de la chaussée, au milieu du pont.

Voilà ce que c’est, une vraie phobie, et voilà ce que ça donne : une panique totalement impossible à maîtriser, à réprimer ; une perte de conscience en présence de l’objet d’horreur. C'est ça la maladie qu'on appelle phobie. L’usage du mot, aujourd’hui, dans les médias, est tout simplement abusif. C’est une malversation. Ceux qui en parlent sont des faussaires. On accuse quelqu’un de « phobie » au même titre que Sarkozy accuse les socialistes d’ « immobilisme » et d’ « archaïsme ». Le mot phobie range illico celui qui en est atteint parmi les malades mentaux, atteint des mêmes « maladies mentales » qui servaient de prétexte aux Soviétiques pour  enfermer leurs dissidents en asile psychiatrique, où a été inventée la "torture blanche". Rien de mieux pour disqualifier. On appellera ça un hold-up. Cela veut dire accessoirement que l’accusation de « phobie » à tout bout de champ fonctionne aujourd’hui, exactement, comme un argument politique, et que la toile de fond totalitaire sur laquelle l’argument se détache n’a rien de rassurant.

C’est au même genre de malversation que, en 1984, toute la gent à soutane et à crucifix avait kidnappé le mot « libre » pour faire retirer la loi Savary qui stipulait que l’argent public irait désormais à l’enseignement public, l’enseignement privé (l’enseignement dit libre) devant se démerder pour trouver des fonds privés. Le tout, pour arriver à ses fins, comme ce fut le cas en l’occurrence puisque la loi fut retirée par François Mitterrand, le tout, c’est d’arriver à convaincre le plus de monde possible qu’on est, dans l’affaire, la victime. C’est très important, d’être la victime. Ce fut une belle imposture : être libre, cela signifie qu’on ne dépend de personne. Or l’enseignement catholique, puisqu’il faut l’appeler pas son vrai nom, dépend pour son existence de l’argent alloué par l’Etat français. Il est maintenu en vie grâce aux transfusions permanentes et importantes dans ses veines de l'argent du contribuable. Il est parvenu à ses fins en faisant subir aux mots la même inversion que Big Brother dans 1984 du grand George Orwell : « L’esclavage, c’est la liberté ». C’est ça, la Novlangue.

En consultant divers dictionnaires sérieux, j’ai trouvé une vingtaine de phobies dûment répertoriées, médicalement repérées. Une vingtaine, tout mouillé de chaud. Bon, on doit pouvoir en dénicher quelques autres dans les coins ou dans les placards : allons jusqu’à trente. Ensuite, vous allez voir sur l’incontournable Wikipédia. Là c’est du grand spectacle. Que dis-je ? C'est un feu d'artifice. A ce jour, la notice se divise en 9 parties. Je vous épargne l’énumération : disons qu’il y a les phobies au sens restreint, et les phobies au sens étendu (c’est évidemment dans ces dernières qu’il faut chercher l’imposture). J’exclus pour l’instant les mots de la chimie et de la biologie qui désignent des propriétés de corps ou d’organismes.

Au sens restreint, on trouve, attention, tenez-vous bien, quatre-vingt-onze (91) « phobies » (connaissiez-vous la « triskaïdekaphobie » ? Moi non plus. C’est la peur du nombre 13. Et la « plangonophobie », ou peur des poupées ?). Bref, c’est vous dire qu’avec Wikipédia on est dans le sérieux, vous ne trouvez pas ? Là, je me marre. Non, vous avez compris qu'on est dans le grand n'importe quoi. Je suis sûr qu’on peut en ajouter toute une liste, même en ne cherchant pas trop. Au sens étendu, on entre dans ce que la notice appelle « préjugés et discriminations », malheureusement sans dire s'il y a une parenté, et laquelle, avec la vraie phobie (voir l'exemple de Mme L. plus haut). On y trouve l’ « hispanophobie » (oui, pour introduire le paragraphe), puis, dans l’ordre alphabétique (juste quelques-uns, pour goûter) : « biphobie », « christiannophobie », « éphébiphobie », « gérontophobie », « hétérophobie », « homophobie », « islamophobie », etc. Il y en a douze, vous pouvez vérifier dès maintenant. Au total, ça fait cent trois (103) : une phobie de moins que les symphonies du grand Joseph Haydn. On est clairement dans la fantaisie, l’improvisation et l’imagination. C'est le grand n'importe quoi. On est clairement dans l’imposture.

Cette liste me fait penser à un article déjà ancien paru dans Le Monde diplomatique, intitulé « Pour vendre des médicaments, inventons des maladies », où l’auteur dénonçait la frénésie purement commerciale des firmes pharmaceutiques, désireuses de mettre en application le principe énoncé par Jules Romains, en 1923 s'il-vous-plaît, par la bouche du personnage central de sa pièce Knock : « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore ». Knock rêve en effet de transformer la petite ville dans laquelle il exerce en un vaste hôpital. De même, les inventeurs de « phobies » rêvent de transformer les gens normaux : « Toute personne normale est un phobique qui s’ignore ». On invente des « phobies » pour en faire tomber le maximum sous le coup de la loi, et punir les coupables.

Le mot qu’on met sur la chose découle souvent d’un choix idéologique. Entre 1940 et 1945, on savait dans quel camp vous étiez suivant que vous disiez « terroriste » ou « résistant ». Les mots qu’on utilise révèlent quelque chose de la personne qui les prononce. J’ai parlé ici le 10 mai de l’accusation de racisme portée contre Laurent Blanc. En voilà, un mot qu’on met à toutes les sauces, comme si quelqu’un, en l’appliquant à n'importe quoi, voulait en finir avec la notion même de racisme en la diluant tellement, comme dans les médicaments homéopathiques, qu’elle perd à l’arrivée toute signification.

Reste un mécanisme et une structure. Il faut trois acteurs : un accusateur déguisé en victime, un accusé, et le Code pénal. L’exemple récent des prières, le vendredi, dans certaines rues de Paris et de Marseille l’a bien montré. L’accusateur déguisé en victime, ce sont les musulmans de France, l’accusé, c’est Claude Guéant, coupable en l’occurrence d’ « islamophobie », et le levier, c’est bien le Code pénal. Je me garderai de prendre la défense du ministre de l’Intérieur. Houellebecq s’en est pris un jour à « la religion la plus bête du monde ». Un professeur de philo, Robert Redeker, a pris en 2006, une volée médiatique de bois vert quand il a osé dénoncer la violence prônée dans le Coran. Le fait seul qu’il ait aussitôt reçu des menaces de mort prouve qu’il avait raison. L’Islam en France est d’abord un fait. Même chose pour la judéophobie : celui qui en est taxé devient ipso facto un dégueulasse antisémite, parce qu’il a osé, comme Edgar Morin il y a quelque temps, critiquer la politique des Israéliens envers les Palestiniens. Même chose pour une des « phobies » qui ont le vent en poupe en ce moment : l’ « homophobie ».

Loin de moi l’idée d’approuver Guéant, Houëllebecq ou Redeker. Quant à l’homosexualité, elle est aussi vieille que l’humanité : elle est un fait. Il n’est évidemment pas question de persécuter les musulmans, les juifs ou les homosexuels : persécuter est un acte, et comme tel, il est intolérable. Ce qui est inquiétant dans toute cette affaire de mots, c’est qu’on a l’impression qu’ils sont assiégés, guettés, surveillés étroitement par des gardes-chiourme. Or, si les mots sont l’expression de la pensée, ils ne sauraient être considérés comme des actes, et encore moins jugés au même titre que des actes. Est-on sûr que développer à outrance la surveillance policière des mots soit le meilleur moyen de faire définitivement disparaître les actes contre les mosquées ou les tombes musulmanes, contre tel cimetière juif, contre les homosexuels ? Je suis très loin d’en être convaincu.

Quand la police prend le pouvoir, on peut voir ce que ça donne, par exemple en ce moment, dans la Syrie de Bachar el Assad.